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"Le Juif qui négocia avec les nazis" : l'énigme du Schindler juif

Documentaire de Gaylen Ross (Etats-Unis) - 2h00
Article rédigé par franceinfo - Jacky Bornet
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Rezso Kasztner : "Le Juif qui négocia avec les nazis" de Gaylen Ross
 (Noblesse Oblige Distribution)

Synopsis : Héros ou traître ? Rezso Kasztner négocia avec Adolf Eichmann pour sauver 1700 Juifs. Pourtant, en Israël, Kasztner fut considéré comme un traître, accusé de collaboration lors d’un procès qui divisa le pays. Il fut finalement assassiné à Tel Aviv en 1957 par des militants d’extrême droite. Une histoire de meurtre, d’intrigue et d’héroïsme au travers les efforts désespérés de la fille unique de Kasztner pour réhabiliter son père, et du témoignage de l’un des assassins, qui rompt pour la première fois le silence.
 

Zones d'ombre
L’histoire de Rezco Kasztner  est peu connue. Juif hongrois immigré en Israël dès la fondation de l’Etat hébreux, il a œuvré durant la deuxième guerre mondiale à sauver 1685 Juifs des camps de la mort en 1944 en négociant directement avec Adolf Eichmann. Il en aurait sauvé 18000 autres, transférés dans des camps de travail au lieu d’être déportés à Auschwitz. Accusé après-guerre d’avoir « vendu son âme au diable », il est condamné de collaboration avec l’ennemi nazi, pour être finalement assassiné en 1957 par un groupuscule d’extrême droite à Tel Aviv.

Etrange destin, plein de zones d’ombre que tente d’éclaircir Gaylen Ross dans « Le Juif qui négocia avec les nazis », en partant du témoignage de l’assassin de Kasztner pour en faire le fil rouge de ce documentaire remarquable.  Il expose ses motivations, celles de Katszner, le drame de sa famille, la division des Israéliens à son égard, et le récit des Juifs qu’il sauva, survivants et descendants.

L'arrestation de Rezso Kasztner : "Le Juif qui négocia avec les nazis " de Gaylen Ross
 (Noblesse Oblige Distribution)

Cas d'école
Les détracteurs de Rezco Kasztner  lui reprochent non seulement d’avoir traité, seul, directement avec l’ennemi, mais également la monnaie d’échange qu’il négocia pour sauver  des vies : du matériel militaire et des garanties données à Eichmann et son entourage, qui sentent qu’en 1944 le vent a commencé de tourner à leur désavantage.  Dossier à décharge, « Le Juif qui négocia avec les nazis » démonte le dossier jusqu’ici entretenu à charge.

Le film démontre que les futurs fondateurs d’Israël, Ben Gourions au premier chef, étaient au courant des agissements de Kasztner qui sera d’ailleurs membre du gouvernement. Ce n’est qu’un élément parmi d’autres qui alimente un tragique malentendu dont s’est nourrie une opinion traumatisée au sortir de la guerre, d’autant plus fragile qu’elle est toute orientée vers la consolidation d’un Etat naissant.

Dans ce contexte, Kasztner génait. L’extrême droite s’est, elle, chargé de régler le problème. Maladroit dans sa défense lors de son procès, il mentit sur un point de détail qui, en fait, résuma aux yeux de la justice israélienne son attitude trop ambiguë pour être honnête. Il n’en reste pas moins que Kasztner est à l’origine du plus grand sauvetage de Juifs durant la guerre. Son histoire est pour Gaylen Ross un cas d’école à dimension universelle : « Qui détermine comment nous choisissons nos héros ? »

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