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"Faust" : une relecture de Goethe par Sokurov

D'Alexandr Sokurov (Russie), avec : Johannes Zeiler, Anton Adasinskiy, Isolda Dychauk - 2h14 - Sortie : 20 juin
Article rédigé par franceinfo - Jacky Bornet
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Johannes Zeiler est le "Faust" d'Alexandr Sokurov
 (Sophie Dulac Distribution)

Synopsis : Librement inspiré de l'histoire de Goethe, Alexandre Sokourov réinterprète radicalement le mythe. Faust est un penseur, un rebelle et un pionnier, mais aussi un homme anonyme fait de chair et de sang conduit par la luxure, la cupidité et les impulsions.

"Faust" d'Alexandr Sokurov : la bande-annonce

Soleil noir
Avec « Faust », Alexandr Sokurov clôt sa tétralogie solaire, après « Moloch » « Taureau » et « Le Soleil ». Un soleil noir éblouissant aux confins de la culpabilité et de la rédemption. Librement adapté de Goethe, « Faust » a remporté le Lion d’or du meilleur film à la dernière Mostra de Venise.

Après Eva Braun/Hitler (« Moloch »), Lénine (« Taureau »), Hiro-Hito (« Soleil »), Sokurov se distancie par rapport à l’Histoire pour s’intéresser au mythe. Comme Goethe ne cessa de remanier son « Faust » au long de sa vie en actualisant une vieille légende allemande du XIVe siècle, le mythe ne cesse depuis d’être adapté, en opéras, symphonies, et au cinéma, du chef-d’œuvre de Murnau en 1926 à « La Beauté du diable » (1949) de René Clair avec Michel Simon et Gérad Philipe. Si Sokurov garde beaucoup du texte original, il fait de son Faust un personnage frustré, en quête de reconnaissance, libidineux, finalement sauvé par l’amour.

Isolda Dychauk est Margarete, dont la beauté envoûte Faust dans le film d'Alexandr Sokurov
 (Sophie Dulac Distribution)

Alchimie
Situé au début du XIXe siècle, le film de Sokurov joue d’une certaine intemporalité, teintée de moyen-âge. Une approche qui lui donne l’étoffe des mythes. Son ouverture renvoie au « Faust » de Murnau, avec ce ciel orageux qui plane au-dessus de la petite bourgade où va se jouer le drame. Le film exploite admirablement le cadre et la lumière, les décors et les costumes, l’action tirant parti de la longue pérégrination qui rythme le récit, entre Faust et l’usurier, qui n’est autre que le diable.

Pour sa plus grande partie, « Faust » se situe en extérieur, Sokurov insufflant une dimension toute cosmique à ses paysages, surtout dans une dernière partie située aux confins de l’océan, d’une géhenne volcanique, de la montagne et du ciel : l’eau, la terre, le feu et l’air. Alchimique. Personnage bavard, Faust l’est bien évidemment devant la caméra de Sokurov, devisant sur sa condition, celle de l’homme et l’horreur de sa situation dans l’univers. « Faust » n’est est pas pour autant verbeux, mais un film métaphysique incarné.
 

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