"Éperdument" : Guillaume Gallienne et Adèle Exarchopoulos, une liaison interdite
Jean (Guillaume Gallienne) est un type normal. Quoiqu'un peu narcissique. Il est séduisant. Le sait. A réussi. Est marié à une femme qui l'aime. Ils ont une fille, Louise. Il leur fait la cuisine, le soir, en rentrant du boulot. Sa famille, c'est un peu le rayon de soleil d'une vie passée à l'ombre des murs de la prison. De sa prison. Il en est le directeur.
Un jour, il rencontre une jeune détenue qui vient d'être transférée. Elle s'appelle Anna (Adèle Exarchopoulos). Elle est belle. Douce et sauvage à la fois. Il sait qui elle est. Lui conseille d'éviter de se faire remarquer. Mais c'est lui qui l'a remarque. Il ne va pas tarder à y succomber. Elle ne sait pas pour combien de temps elle en a. Lui non plus, mais la conseille, la rassure. Peu à peu, ils se rapprochent. Lentement. Dangereusement.
Une épouse devenue geôlière
Sa vie de famille vacille. Déraille. Il s'y ennuie. N'est plus présent. Ne pense plus qu'à elle. À leurs étreintes. Leur passion interdite. Elle, la jolie détenue impliquée dans une affaire sordide. Et lui, le directeur de prison à la carrière exemplaire. Dans les bras de sa prisonnière, il s'évade. Chez lui, c'est lui qui est emprisonné, meurtri. Son épouse est devenue sa geôlière. Il veut s'en libérer, quitte à tout perdre. Et dans la prison, beaucoup commencent à se douter de leur relation.C'est le deuxième long métrage du jeune cinéaste Pierre Godeau après "Juliette" (2013), un film léger et un brin poseur sur les affres d'une femme-enfant refusant de grandir. Ode très esthétisante à la liberté et à la jeunesse. Avec "Éperdument", le réalisateur a choisi de changer complètement de registre pour filmer un amour impossible en milieu carcéral. Un huis clos terrible, sensuel et étouffant, livré brut. La libre adaptation du roman de Florent Gonçalves, "Défense d'aimer" et de sa liaison avec "Emma A", l'appât du "gang des barbares". L'homme avait écopé d'un an de prison ferme pour avoir accordé des faveurs à la jeune femme.
Démonstratif
De cette histoire, qui avait défrayé la chronique en 2011, Pierre Godeau ne semble jamais vraiment réussir à se détacher. La faute à une approche trop démonstrative de leur rapport de domination qui perd tout intérêt.Un rapport qui s'inverse sans finesse à cause de dialogues plutôt faibles et de choix de mise en scène discutables. L'une des dernières scènes du film montre par exemple nos deux protagonistes s'échanger un sourire mielleux le jour de leur procès. Le tout enrobé du "Ne partons pas fâché" de Raphaël repris par Philippe Katerine. Oui, rien que ça. Ou ces passages oniriques superficiels rajoutant une inutile lourdeur au film.
Reste la prestation de Gallienne et Exarchopoulos. La maîtrise de l'un. Le jeu instinctif et spontané de l'autre. Deux acteurs formidables. Formidables de tension. De fragilité. Formidables de sensualité.
LA FICHE
Drame de Pierre Godeau - Avec Guillaume Gallienne et Adèle Exarchopoulos - Sortie le 2 mars 2016. Durée : 1h50.
Synopsis : Un homme, une femme. Un directeur de prison, sa détenue. Un amour impossible.
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