"Entre les Bras", un film de cuisine et d'amour
Synopsis : En 2009, Michel Bras, à la tête d'un restaurant 3 étoiles au guide Michelin, au coeur de l'Aubrac, décide de passer la main à son fils Sébastien. Est-il possible de transmettre l'oeuvre d'une vie ? Est-ce si facile pour un fils de se faire un prénom ? Ce film est l'histoire d'une famille à travers trois générations, une belle réflexion sur la transmission d'un savoir-faire, d'un héritage.
Une histoire d'amour et de transmissionDans la famille Bras, demandez les parents, vous verrez les grands parents, les enfants et les petits enfants apparaître en filigrane. Michel Bras avait commencé dans l'hôtel-restaurant familial de ses parents, "Lou Mazuc" à Laguiole. Deux étoiles plus tard, en 1987, son fils aîné Sébastien commence à le seconder. Au Suquet, ouvert sur le plateau de l'Aubrac en 1992, Michel passe la main et Sébastien poursuivra bientôt seul la saga familiale. Seul ? Son petit garçon commence déjà à imiter papa en cuisine, vêtu du beau costume blanc de cuisinier cousu par "mémé Bras", son arrière-grand-mère...
On serait tenté de résumer ça d'une formule sèche : chez les Bras, on a la cuisine dans les gènes. A y regarder de plus près, ce n'est pas dans les gènes puisque certains y échappent. Où est-ce alors ? Dans la transmission. Celle du goût et celle du geste. Mais aussi celle de l'amour d'un territoire, ici celui de l'Aubrac.
Car si l'on vient du monde entier manger à la table des Bras depuis plus de vingt ans, c'est davantage pour l'expression unique d'une sensibilité en accord avec le paysage, que pour une affaire de technique pure. Michel Bras revendique une cuisine rurale et vivante, qui évolue selon l'humeur et les ingrédients du jour, à l'instar du Gargouillou, un classique de la maison. Cette assiette de jeunes légumes et de jeunes pousses change quotidiennement, au gré de la cueillette. Une démarche pour laquelle le cuisinier doit exprimer sa sensibilité autant que l'âme du lieu.
Le Gargouillou du 28 mai Les secrets d'une passation de pouvoir exemplaire
Paul Lacoste voulait rendre hommage au génie créatif du père, Michel Bras. Et à la patience du fils, Sébastien, sur le point de prendre son envol. Il est resté un an et demi à leurs côtés pour saisir cette époque charnière. Son film montre une passation de pouvoir exemplaire, modèle de fluidité. Pour laquelle le fils n'a pas eu besoin de tuer le père. Ni de démolir la maison-mère pour tout reconstruire.
Quel est donc leur secret ? On comprend en voyant son beau documentaire méditatif, qui filme avec la même précision poétique les paysages d'Aubrac que les visages et les casseroles, qu'entre les Bras il y a d'abord beaucoup d'amour et de respect. Et pas mal de dialogue. "Une transmission, ca se prépare en amont. Nous avons mené une réflexion et une construction à deux", explique le père. Et le fils de compléter : "une transmission, ça se gère sur la durée. Le roman n'est pas encore terminé".
Bienveillant, le père oppose néanmoins un peu de résistance, il reconnaît qu'il lui est douloureux de lâcher les rennes, et les divergences existent. Mais ce sont des frictions à la marge, sur des détails - la texture d'un dessert, le dressage d'une assiette. On regrette néanmoins le choix du réalisateur d'avoir réservé les discussions les plus âpres aux "bonus" du futur DVD. Elles auraient apporté le mordant qui fait parfois défaut à ce long fleuve tranquille.
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