"Carnage" : huis-clos selon Polanski
Deux enfants se bagarrent et se blessent. Les parents de la "victime" demandent à s'expliquer avec les parents du "coupable". Rapidement, les échanges cordiaux cèdent le pas à l'affrontement...
Cocotte-minute
Le huis-clos, Polanski, il connait : "le Couteau dans l’eau", "Cul de sac", "Répulsion", "Rosemary’s Baby", "Le Locataire", voire d’autres. La pièce de Yasmina Reza, ne pouvait que le séduire pour la porter à l’écran. Ce cinéaste a un talent fou pour mettre en scène une crise intérieure dans le cadre cinématogrphique sans pour autant faire du théâtre filmé.
La question reste posée : les quatre personnages de "Carnage", dont le scénario est signé de l’auteure de la pièce et de son adaptateur au cinéma, tiennent-ils la route filmés ? Indéniablement : oui. Polanski a un sens du rythme, du cadre et du dialogue, de la direction d'acteurs, qui concoctent une montée en puissance du sens, par l’action à l’écran, insuflant un vrai suspense.
L’on rit, l’on se révolte, l’on compatit, dans les faits exposés qui ne passent que par le dialogue, le filmage et l’interprétation géniale des quatre acteurs en situation. Ce n’est pas tant Jodie Foster qui tire sa carte du jeu, mais Kate Winslet, Christoph Walts et John C. Relly. Et pas seulement. L’on peut compter sur Polanski pour montrer les actes : les vomissements de Kate Winslet, les allers-et-venus entre le couloir et l’appartement, les différences d’échelles de cadres, et le propos qui dépassent une simple pièce filmé.
Continuité thématique
Il n’est pas étonnant de voir Polanski mettre en scène un huis-clos après son assignation à résidence en Suisse, lui qui en a tant filmé et qui s’y est retrouvé dans sa chair. Il revient ainsi à ses sources, comme pour affirmer sa patte. Ses meilleurs films en relèvent, sauf "Tess", très à part, mais "Le Pianiste" le suggérait, voire "Pirates", puisqu'il se déroule sur un galion.
Ceux qui ont vu la pièce, la préfèreront sans doute, d’autant qu’Isabelle Huppert en faisait partie. Mais quelle jubilation de voire un tel casting rassemblé dans cette transposition new-yorkaise, parce que Polanski voulait voir ces comédiens, là, à l’écran, dans cette situation particulière, qu'il dirige formidablement. Un vrai plaisir de cinéma.
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