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"Bullhead" : polar aux hormones

De Michael R. Roskam (Belgique), avec : Matthias Schoenaerts, Jeroen Perceval, Jeanne Dandoy, Barbara Sarafian - 2h09 - Sortie : 22 février
Article rédigé par franceinfo - Jacky Bornet
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Matthias Schoenaerts dans "Bullhead" de Michael R. Roskam
 (Ad Vitam)

Sinopsys : Jacky est issu d'une famille d'éleveurs de bovins en Belgique. A 33 ans, il est renfermé, imprévisible, parfois violent. Grâce à sa collaboration avec un vétérinaire corrompu, Jacky s’est forgé une belle place dans le milieu de la mafia des hormones. En passe de conclure un marché exclusif avec le plus puissant des trafiquants d'hormones de Flandre occidentale, un agent fédéral est assassiné. C’est le branle-bas de combat dans la police. Tandis que l’étau se resserre autour de lui, son passé, et ses lourds secrets, ressurgissent.
 

Du temps où je m’appelais Jacky
Prix du jury et de la critique au Festival du film Policier de Baune, Prix nouveau genre du Festival de l’Etrange, six prix, dont meilleur film, au Festival du film flamand d’Ostende, sélectionné aux Oscars dans la catégorie meilleur film étranger, « Bullhead est un film phénomène. Inclassable, avec en toile de fond un polar situé dans le monde du trafic d’hormones chez les éleveurs flamands, le film de Michael R. Roskam est radical, original et passionnant.

Arrière plan apparent du scénario, le trafic d’hormones touche au premier chef le personnage de Jacky, éleveur traumatisé dans son enfance par une mutilation infligée par un voisin déséquilibré de son âge, dont il subit toujours les conséquences une fois adulte. Pour supplanter à ce geste ignoble, il est depuis obligé de s’inoculer lui-même des hormones, également issues du trafic clandestin, comme il en inflige à ses bêtes.

"Bullhead" de Michael R. Roskam
 (	Ad Vitam)

Un auteur est né
C’est plus sur le portrait de cet homme blessé dans sa chair que s’attarde « Bullhead » que sur l’intrigue policière. Matthias Schoenaerts (vu dans « La Meute » ou « Black Book ») donne toute la dimension à cet être gonflé à testostérone, à l’apparence frustre, inculte, attributs qui lui valent d’être surnommé Bullhead (tête de bœuf), et pourtant d’une sensibilité à fleur de peau. Le mélange est détonnant et le fait exploser dans des rages d’une violence incontrôlable qui handicapent l’amour qu’il porte en lui, ce qui le perdra.

Film ténébreux, « Bullhead » sort du commun par la force de son sujet, celle de son écriture, de sa mise en scène et de son interprétation. De cet accord parfait émane un diamant noir aussi virtuose que dérangeant. Matthias Schoenaerts, à la fois scénariste et réalisateur se révèle comme un auteur sur lequel il faudra compter et dont l’on attend avec impatience le prochain film. Rentre dedans.

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