"Au-delà des collines" : Mungiu de retour après "4 mois, 3 semaines, 2 jours"
De Cristian Mungiu (Roumanie), avec : Cristina Flutur, Catalina Harabagiu, Cosmina Stratan, Dana Tapalaga - 2h30 - Sortie : 21 novembre
Synopsis : Alina revient d'Allemagne pour y emmener Voichita, la seule personne qu'elle ait jamais aimée et qui l'ait jamais aimée. Mais Voichita a rencontré Dieu et en amour, il est bien difficile d'avoir Dieu comme rival : elle est novice dans un couvent Bientôt l'attitude d'Alina change, et elle revêt aux yeux de la communauté les stigmates d'une possédée qu'il faut exorciser.
"Au-delà des collines" repose sur un sujet difficile, sous une forme qui ne l’est pas moins. Inspiré d’un fait divers survenu en 2005 en Moldavie, « Au-delà des collines » est une fiction fondée sur l’histoire d’une jeune femme venue visiter une des sœurs d’un couvent orthodoxe, décédée quelques temps plus tard à l’issue d’un supposé exorcisme. Mungiu traite le sujet dans l’ascèse, une ambiance glaciale - au propre et au figuré -, dans la lignée d’un Robert Bresson, sur deux heures et demie. Autant dire que l’on n’est pas à la fête.
Le film est d’autant plus plombé que son début dédie beaucoup de temps à la mise en place du contexte, avec moult bavardage. Pourtant, quelque chose se passe, dans ce microcosme monacal où une jeune femme amoureuse est venue retrouver la seule personne qui ne l’a jamais aimée et qu’elle aime, pour l’extirper de sa vocation. Mais peut-on rivaliser avec Dieu ?
Une fois le cadre posé, le film s’accélère, multipliant les scènes traumatiques, et la folie qui contamine « la possédée » contamine tout le couvent. Le cas renvoie aux célèbres possédés de Loudun au XVIIe siècle, et que le polonais Jerzy Kawalerowicz adapta dans « Sainte Marie des Anges » en 1961 avec une même ascèse. Mungiu tire plus son film vers le thème de l’incommunicabilité résultant des passions, qu’elles soient entre humains ou pour Dieu. L’incompréhension est au centre, tout comme le sacrifice possible pour en sortir.
Le cinéaste roumain fait preuve d’une belle maîtrise de la mise en scène, toute en progression dramatique, avec des acteurs formidables. Il aborde des sujets complexes sur une tonalité grave, âpre, posant plus de questions qu’apportant des réponses.
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