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"007 Spectre" : un petit (James) Bond en arrière

Trois ans après son magistral «Skyfall», Sam Mendes propose un retour aux fondamentaux. Cette fois, le héros n’est plus ce personnage ambivalent et vulnérable mais un bon vieux James Bond sans faille, séducteur et non dénué d’humour. Un Bond en somme de facture très classique et sans grand éclat.
Article rédigé par franceinfo
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Deux pas en avant, un pas en arrière. "007 Spectre" se voulait l’égal de "Skyfall". Un de ces James Bond qui change la donne. L’histoire qui devait résoudre les énigmes. Toutes ces énigmes laissées ça et là dans les épisodes précédents. Et un affrontement qui s’annonçait légendaire entre un Daniel Craig peut-être sur le départ et le plus impressionnant des méchants qui ait jalonné sa carrière d’agent secret incarné par le tout à la fois cynique et savoureux Christoph Waltz. Eh bien, il n’en a rien été.
 
"Les morts sont vivants." C’est sur cette phrase que s’ouvre ce "007 Spectre". Sur un pré-générique sublime. Celui d’antan. Et sur une scène d’ouverture splendide. On y voit James Bond en squelette exquis, déambulé à contresens dans la foule de Mexico le jour de la fête des morts. À son bras, une bien séduisante mortelle qu’il ramène dans une chambre d’hôtel pour mieux l’abandonner. "Je reviens dans 5 minutes" la rassure-t-il.

Une scène d'ouverture magistrale

Le temps d’un plan-séquence et d’un travelling arrière magistral où Daniel Craig, juché sur le toit de l’hôtel surplombe la ville qui festoie. Le temps d’une incroyable explosion de building. De son effondrement. Le temps d’une bataille époustouflante en hélico au dessus d’une place bondée. Voilà bien longtemps qu’un James Bond n’avait débuté de façon aussi magistrale. Et on voyait là se former admirablement les enjeux de ce nouvel épisode. Ceux d’un personnage tiraillé entre la vie, la mort, ses démons et l’amour. Comme si, encore une fois, la psychologie du héros allait être au centre. On se trompait.
Daniel Craig, "007 Spectre"
 (2015 Sony Pictures Releasing GmbH)
Et le générique qui survient, quelques secondes plus tard, va contribuer à nous en convaincre. On ne l’a toujours pas compris. Il nous fait amèrement regretter le "Skyfall" d’Adèle, sans même parler de celui de Tom Jones, "Thunderball", en 1965 déjà. Oui, comme Sam Mendes, nous aussi, on a le droit d’être nostalgique.

"Meilleur est le méchant, meilleur est le film"

Car le passé ne cesse de ressurgir. L’espion de Sa Majesté ne saurait que trop bien vous en parler. Ici, il prend la forme d’un message cryptique qui va entraîner notre agent secret dans une mission qui le mènera de Mexico à Rome en passant par les montagnes autrichiennes, sur la piste du patron de cette bien nébuleuse Spectre qui fait son grand retour, à l’origine de tous ses malheurs.
 
"Meilleur est le méchant, meilleur est le film", disait Alfred Hitchcock. Et il faut bien le reconnaître, celui-ci est bien falot. Et presque à l’image du titre du film, un peu fantomatique. Pâle copie dénuée de tout relief du frérot gay et complètement cinglé qu’incarnait Javier Bardem et qui prendrait presque parfois des airs d’Austin Powers. On avait rarement vu Christoph Waltz, doublement oscarisé chez Tarantino, aussi peu à son avantage.
Christophe Waltz et Léa Seydoux dans "007 Spectre"
 (2015 Sony Pictures Releasing GmbH)
La rencontre entre James et Madeleine Swann, sa James Bond girl n’est pas plus intéressante. Léa Seydoux, sublime et impeccable comme toujours, parvient aisément à apporter la touche romantique et sensuelle nécessaire sans réussir à donner une réelle substance à son personnage. Et malheureusement, l’ombre lascive d’Eva Green laissée depuis le "Casino Royale" de 2006 n’est pas près de s’en aller. Il faut dire que la marge de manœuvre qui lui était laissé semblait particulièrement infime.
Léa Seydoux, "007 Spectre"
 (2015 Sony Pictures Releasing GmbH)

Madeleine de Bond

Elle s’appelle donc Madeleine Swann, et vous l’avez compris, ce n’est pas un hasard tant ce nouveau volet fleure la madeleine de Bond. Malheureusement, ça signifie aussi que le meilleur agent secret de Sa Majesté retombe un peu dans ses travers. Atone, inexpressif, il a perdu l’élégance que lui amenait sa part d’ombre dans le volet précédent. Une sorte de statue de cire implacable et déconcertante dans un univers fait d’espionnage, d’alcool et de femmes. Sorte de revival un peu bourrin des éléments constitutifs de la série.

Comme cette cyber guerre généralisée qui semble devenir le sujet de prédilection des scénaristes. Comme s’ils voulaient à tout prix confronter le classicisme de Bond à l’époque dans laquelle il vit et qui est bien loin de le dépasser. Une autre confrontation est toutefois réussie. Celle des différents voyages. La noirceur de Londres ou de Rome incarnée par la beauté funèbre de Bellucci contraste avec la lumière blafarde de l’épisode autrichien jusqu’à celle, aveuglante, qui nous conduit à la fin du film. Sorte de métaphore fine et léchée de la rédemption de l’espion.
 
Ceux qui cherchent un film avec tous les ingrédients classiques de la saga Bond peuvent en tout cas se rassurer. Il n’en manque pas un.
Drame de Sam Mendes – Avec Daniel Craig, Christoph Waltz, Léa Seydoux et Monica Bellucci – Durée : 2h30. Sortie le 11 novembre.
 
Synopsis : Un message surgit du passé et entraîne James Bond dans une mission très personnelle  à Mexico , puis à Rome, où il rentre Lucia Sciarra, la très belle veuve d’un célèbre criminel. Et s’approchant  du cœur de Spectre, Bond va découvrir qu’il existe peut-être un terrible lien entre lui et le mystérieux ennemi qu’il traque. 



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