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"Queen and Country" : à 81 ans John Boorman retrouve ses 18 ans

Projeté à la Quinzaine des Réalisateurs, "Queen and Country" du réalisateur vétéran John Boorman ("Délivrance", "Excalibur"...) revient sur ses deux années passées à l'armée à partir de 1952. Chronique tendre, humoristique mais profonde, elle est aussi l'histoire de son amitié avec un autre jeune conscrit particulièrement rebelle. C'est aussi pour lui le moment de la découverte de l'amour.
Article rédigé par franceinfo - Jean-François Lixon
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Callum Turner dans "Queen and ountry" de John Boorman
 (Sophie Mutevelian )
La note Culturebox
4 / 5                  ★★★★☆

De John Boorman (Grande-Bretagne, Irlande, France, Roumanie), avec : Callum Turner, Tamsin Egerton, Vanessa Kirby, Caleb Landry Jones, Pat Shortt, David Thewlis, Richard E. Grant, Aimee-Ffion Edwards - 1h55 - Sortie : 7 janvier 2015

Synopsis : 1952. Bill Rohan a 18 ans et l’avenir devant lui. Pourquoi pas avec cette jolie fille qu’il aperçoit sur son vélo depuis la rivière où il nage chaque matin ? Cette idylle naissante est bientôt contrariée lorsqu’il est appelé pour effectuer deux années de service militaire en tant qu’instructeur dans un camp d’entraînement pour jeunes soldats anglais en partance pour la Corée. Bill se lie d’amitié à Percy, un farceur dépourvu de principes avec lequel il complote pour tenter de faire tomber de son piédestal leur bourreau : le psychorigide Sergent Major Bradley. Tous deux parviennent néanmoins à oublier un peu l’enfermement et la discipline à l’occasion de rares
sorties. Mais leur est-il encore possible d’y rencontrer l’âme soeur ?

Et si les Frères Lumière, sans le vouloir, avaient inventé la fontaine de Jouvence? A 81 ans, le Britannique John Boorman a retrouvé ses 18 ans, son copain d'alors, la fille inaccessible dont il tomba amoureux, sa famille depuis longtemps disparue, et il a passé en revue les souvenirs de ses deux ans d'armée.

Boorman n'est pas Fellini et "Queen and Country" n'est pas Amarcord. Après avoir réalisé en 1987 un film inspiré de son enfance pendant le blitz londonien ("Hope and Glory", "La guerre à sept ans"), il a eu envie de relater cette période transitoire et déterminante que furent ses deux années de service militaire. Nous sommes en 1952 et l'armée de sa très gracieuse majesté le roi George VI combat aux côtés des forces US engagées dans la guerre de Corée. Une armée qui va très bientôt devenir celle de sa très gracieuse majesté la reine Elisabeth II, après le décès de son père en février de cette année-là.

Les souvenirs sont toujours un petit arrangement avec la réalité. Et nous sommes dans ce film au plus près de ce que la mémoire de Boorman lui dicte. Etait-elle aussi belle la jeune femme dont il tomba éperdument amoureux et qui se refusa à lui ? L'amitié avec son compagnon d'armes avait-elle cette intensité fraternelle ? Les officiers dont ils dépendaient tous les deux étaient-ils aussi obtus, et leur résistance à la discipline aussi imaginative ? L'important reste que le cinéaste partage cet épisode avec un public heureux de regarder un sujet sérieux traité sur le ton léger de la comédie et sans une trop lourde connotation sociale.

Tamsin Egerton dans "Queen and Country" de John Boorman
 (Sophie Mutevelian )
Le rôle principal est tenu par Callum Turner, un jeune acteur qui fait ici ses débuts au cinéma. Débuts prometteurs puisqu'il prouve sans contestation qu'il a les épaules pour soutenir un film ambitieux signé d'un cinéaste à la renommée mondiale.

A 81 ans, John Boorman signe avec "Queen and Country" son dix-septième film. Parmi ses plus célèbres, citons "Le Point de non retour" (1967),  "Duel dans le Pacifique" (1968), "Délivrance" (1972), "Zardoz", (1974), "Excalibur" (1981) et "Rangoon" (1995).

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