Cet article date de plus de neuf ans.

"Nous trois ou rien" : Kheiron raconte avec brio l'histoire de ses parents

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Pour son premier long métrage, Kheiron retrace l'histoire de ses parents, opposants iraniens exilés en France dans un récit qui parvient à être tout à la fois infiniment drôle et extraordinairement touchant.

Kheiron, pour nous, c'était surtout le pote un peu obsédé de Kyan Khojandi, dans la mini-série "Bref". Kheiron, c'était aussi pour nous le petit prince du stand-up passé maître dans l'art de l'improvisation. Une plume acerbe, un humour corrosif et des répliques souvent en dessous de la ceinture. Et il faut bien l'avouer, on aimait bien. Ce qu'on savait un peu moins, c'est que l'humoriste est le fils d'un couple de réfugiés politiques iraniens qui a refait sa vie dans une cité HLM de banlieue parisienne. Et c'est l'histoire de ses parents qu'a choisi de nous relater Kheiron, pour un premier long métrage aux allures de conte universel. Il y incarne son père. Hibat.

Irréductible optimiste

Téhéran, 1971. Le Shah (Alexandre Asier), aveuglé par le pouvoir, mène son pays à la débâcle. Hibat Tahib, jeune avocat plein de fougue et de conviction rejoint l'opposition et milite à ses risques et périls pour la démocratie. Mais il est arrêté et condamné à dix années de prison. Il a 25 ans. Pendant plus de sept ans, le jeune homme sera humilié et torturé sans jamais perdre son irréductible optimisme. Un optimisme et un espoir qui caractériseront Hibat durant toute sa vie. Un optimisme et un espoir qui illuminent littéralement un film emplit d'humour et de tendresse.
Kheiron dans "Nous trois ou rien"
 (Gaumont)
À sa libération, où il est accueilli en héros, il croise la route de la belle Fereshteh (Leïla Bekhti), sa future épouse, qui ne va pas tarder à lui donner un fils. Mais la dictature du Shah a laissé place au régime de terreur des Mollahs. Hibat s'enfoncent alors dans la clandestinité. Traqué sans relâche, il est contraint à l'exil qu'il n'accepte, un peu poussé par sa femme, qu'à une seule condition : ce sera eux trois ou rien ! Et les voilà partis par-delà les frontières montagneuses iraniennes. Direction la France, "le pays des droits de l'homme et de la première révolution".
 
Ils vont alors tenter de se construire une nouvelle vie, à Stains en Seine-Saint-Denis, en s'intégrant de manière exemplaire. Hibat parvient à faire d'une mission locale dont le maire de Pierrefitte lui confie la gestion un lieu d'échange, de partage et de création. Quant à Fereshteh, infirmière, elle est chargée d'éduquer les femmes de son quartier à la biologie. Et voilà que le récit, commencé comme une satire politique évolue peu à peu vers une chronique sociale tristement encore d'actualité, sans rien perdre, à aucun moment, de sa force comique. Ni aux pieds des barres d'immeubles vétustes de Stains. Et encore moins derrière les barreaux de la prison iranienne.
  (Gaumont)

Tarantinesque

Même, le réalisateur parvient à nous faire oublier l'enfer carcéral grâce à des situations cocasses et des personnages folkloriques. Son frère, clepto-fétichistes qui ne peut s'empêcher de dérober les babouches de ses codétenus ou un intégriste à la barbe un peu douteuse incarné par son ancien acolyte Kyan Khojandi. On parle, dans cette dictature iranienne des années 70, comme on parlerait aujourd'hui, entre potes. C'en est presque tarantinesque. Ces accents contemporains nous ancrent encore d'avantage dans cette histoire et ses personnages qui auraient pu, après tout, être aussi nos potes. C'est savoureux. Les dialogues croustillants. La mise en scène maîtrisée. Chaque rôle, chaque détail a son importance.
  (Gaumont)
Non, ils ne sont pas que trois dans ce film. Mais près d'une centaine à y prendre part et à faire, chacun à leur mesure, avancer l'arc narratif. On ressent là toute l'influence du stand-up chez le jeune metteur en scène. Rien de l'espace filmique n'est laissé au hasard. On pense alors à cette fabuleuse scène de la rencontre entre Hibat et ses beaux-parents (Gérard Darmon et Zabou Breitman). Leïla Bekhti, dans une posture a priori passive, crève l'écran, avec humour et détachement. Tout semble si simple. Et leur histoire, si dramatique et si belle à la fois. En équilibre permanent entre le rire et les larmes. Kheiron, c'est sûr, n'est plus qu'un humoriste. Désormais, c'est aussi un funambule.
Comédie dramatique de Kheiron – Avec Kheiron, Leïla Bekhti, Gérard Darmon et Zabou Breitman – Durée : 1h42. Sortie le 4 novembre 2015
 
Synopsis : D'un petit village du sud de l'Iran aux cités parisiennes, keirhon nous raconte le destin hors du commun de ses parents Hibat et Fereshteh, éternels optimistes, dans une comédie qui évoque l'amour familial, le don de soi et surtout l'idéal d'un vivre ensemble. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.