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"L’intervention", film sur l’acte fondateur du GIGN à la frontière somalienne

Publié Mis à jour
Article rédigé par franceinfo - Pierre-Yves Grenu
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En février 1976, à Loyada (Djibouti), des rebelles pro-somaliens prennent le contrôle d’un car transportant des écoliers. Commence une longue prise d’otages. Paris décide d’envoyer sur place une "unité spéciale" de la gendarmerie, ancêtre du GIGN.

C’est une page d’histoire sanglante et finalement peu connue qu’a choisi de reconstituer Fred Grivois pour son deuxième long-métrage, après "La résistance de l’air" en 2015. Une prise d’otage traumatisante pour les jeunes écoliers enlevés, et dont le bilan humain est lourd : deux otages tués, sept ravisseurs et, officiellement, une quinzaine de militaires somaliens abattus, probablement bien davantage en réalité.

Dès l’annonce de la prise d’otages, les autorités françaises choisissent d’envoyer sur place l’unité spéciale de la gendarmerie (qui trois mois plus tard servira de socle au futur GIGN). Un groupe de tireurs d’élites hyper-entraînés mais au style plutôt relax du milieu des seventies. Cheveux longs, chemises à fleurs, les hommes du commando ressemblent plus à Maxime Le Forestier qu’au Général Bigeard. Mais ils sont redoutables le fusil calé sur l’épaule.

A Djibouti, ils découvrent une situation complexe. Les ravisseurs sont déterminés. Le bus est stationné à une dizaine de mètres de la Somalie, qui voit d’un bon œil cette initiative des rebelles djiboutiens. Gendarmes et légionnaires d’un côté, militaires somaliens de l’autre, on se regarde en chien de faïence. Ambiance explosive, alors que Paris privilégie une solution diplomatique.

Les hommes de l’unité spéciale s’installent, chaque tireur d’élite a sa cible. L’option choisie : un tir simultané, visant à abattre dans la même seconde tous les ravisseurs. Plusieurs fois, les super-gendarmes sont prêts à appuyer sur la gâchette, mais les demandes d’autorisations sont refusées in-extremis par l'état-major, en métropole. Alors que le pire scénario se dessine - l’exfiltration de tous les otages en Somalie - les super-gendarmes s'accordent sur une décision étonnante : ils décident de désobéir et passent à l’attaque…
  (SND)
Fred Grivois voulait un film tendu, s'inspirant des codes des années 70 (utilisation du split-screen, des cadres très western…). Il atteint son objectif. "L’intervention" nous tient par son suspens et sa réalisation aboutie. Du vrai cinéma d’action, au détriment de l’exploration des personnages, avec lesquels on reste en surface, mais qui, dans le genre, font le boulot. Côté (futur) GIGN, des gars sympas, un peu rock-roll, chambreurs… mais impitoyables le moment venu, lorsqu’il s’agit de sauver la vie des otages. En face, des terroristes, aux sens aiguisés par le khat, dopés par la haine de l’état colonisateur. Au milieu, une institutrice courageuse, prête à se sacrifier pour ramener ses élèves au bercail.

"Inspirée par des faits réels", cette "Intervention" est certes une fiction, mais si proche de la réalité qu’elle constitue une leçon d’histoire tout à fait acceptable.
  (SND)

LA FICHE

Film d'action de Fred Grivois 
Pays : France
Avec : Alban Lenoir, Olga Kurylenko, Michaël Abiteboul, Sébastien Lalanne et Josiane Balasko
Durée : 1h38
Sortie : 30 janvier 2019

Synopsis : 1976 à Djibouti, dernière colonie française. Des terroristes prennent en otage un bus d’enfants de militaires français et s’enlisent à une centaine de mètres de la frontière avec la Somalie. La France envoie sur place pour débloquer la situation une unité de tireurs d'élite de la Gendarmerie.Cette équipe, aussi hétéroclite qu’indisciplinée, va mener une opération à haut risque qui marquera la naissance du GIGN.

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