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« Like Someone in Love » : Kiarostami au Japon

Le plus grand cinéaste iranien, Abbas Kiarostami, revient sur les écrans après un passage par Cannes au mois de mai, où il était en compétition. Vivant toujours en Iran, mais tournant ses deux derniers films en Espagne, puis, au Japon, le réalisateur aborde dans "Like Someone in Love" des personnages qu'il ne pourrait sans doute pas traiter dans son pays d'origine, comme cette jeune call-girl de "Someone in Love".
Article rédigé par franceinfo - Jacky Bornet
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Film projeté en Compétition officielle.
 (MK2 Diffusion)

D'Abbas Kiarostami (France/Japon), avec : Rin Takanashi, Tadashi Okuno, Ryo Kase, Denden - 1h49 - Sortie : 10 octobre

Synopsis : Un vieil homme et une jeune femme se rencontrent à Tokyo. Elle ne sait rien de lui, lui croit la connaître. Il lui ouvre sa maison, elle lui propose son corps. Mais rien de ce qui se tisse entre eux en l’espace de vingt-quatre heures ne tient aux circonstances de leur rencontre.

Formel
Palme d’or en 1997 pour « Le Goût de la cerise », Prix d’interprétation féminine à Juliette Binoche pour « Copie conforme » en 2010, l’Iranien Abbas Kiarostami vient régulièrement à Cannes. Il ne serait pas étonnant de le voir président du jury dans les prochaines années. Il était en en compétition en mai avec « Like Someone in Love », tourné au Japon.

Par le passé, contemplatif, profond et penché sur la nature humaine, Kiarostami, depuis « Copie conforme », apparaît plus léger, sinon plus volubile dans le choix de ses sujets et de ses scripts. Toujours armé d’un humour féroce et d’une technicité de l’image pendable, le fond de ses projets semble plus flou, jusqu’à ce que l’on se demande « mais où veut-il en venir » ?

Rin Takanashi, Tadashi Okuno, dans "Like Someone In Love" d'Abbas Karostami
 (Euro space)
Complaisance
Si la photo est belle, pourquoi s’éterniser sur des plans fixes de coups de téléphone mobile interminables et verbeux, ou des voyages en voiture sans fin qui rallonge un film d’une heure cinquante, que l’on peut aisément raccourcir d’au moins vingt minutes, sans rien en perdre. Contemplatif, oui, mais où est le sens ?

Le sujet, qui tourne autour du fossé entre le respect des valeurs culturels et la nouvelle génération, n’est finalement qu’effleuré, noyé dans un flux complaisant. Comme si Kiarostami favorisait la forme au fond, l’esthétique au sens, sur un sujet rabattu, avec vacuité. Rien de nouveau sur le Japon, sur le sujet universel du fossé des générations, au cœur du film. Un peu vain, au regard de l'immense cinéaste qu' Abbas Kiarostami demeure.

Carte blanche au Louvre
Pour preuve de cette reconnaissance, la carte blanche que lui offre le Louvre, à Paris, dans la foulée de l'ouverture de son département des Arts de l'Islam. Egalement poète et photographe, il y viendra présenter plusieurs de ses films et de ses poèmes dimanche et lundi. "Donner carte blanche à Kiarostami, qui est l'héritier d'une tradition mêlant esthétique persane et spiritualité soufie, après l'ouverture du département des Arts de l'Islam, nous a paru naturel", a déclaré la direction du Louvre.

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