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"Les Premiers, les Derniers" : l'odyssée biblique de Lanners et Dupontel

Avec "Les premiers, les Derniers", Bouli Lanners nous livre un conte intimiste où deux chasseurs de prime, dans un décor de fin du monde, recherchent un téléphone portable au contenu sensible. Sombre et poétique.
Article rédigé par franceinfo
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Albert Dupontel et Bouli Lanners dans "Les Premiers, les Derniers"
 (Kris Dewitte)

Le plat pays de Beauce. Ses décors de la fatalité sociale. Son ciel orageux. Ses bâtiments vides. Leur béton brut. Ses campagnes mélancoliques. Tout ce paysage terne, froidement photogénique.
 
Dès les premiers plans, on se doute bien que ce ne sera pas vraiment une franche partie de rigolade. Et si la fin du monde n'était pas loin ? C'est en tout cas ce qu'imaginent Esther et Willy (Aurore Broutin et David Murgia). Deux êtres en marge de la société et psychologiquement fragiles. Mais des êtres purs. Sorte d'incarnation de la nature humaine dans ce qu'elle a de meilleur. Les premiers hommes. Les Adam et Eve des temps modernes dans ce western contemporain.

Aurore Broutin et David Murgia dans "Les Premiers, les Derniers"
 (Kris Dewitte)

Bourrus et attachants

Avec ses gentils donc, ses méchants et ses cowboys. Cochise et Gilou (Albert Dupontel et Bouli Lanners), deux inséparables chasseurs de prime, bourrus mais attachants, engagés pour retrouver un téléphone portable qui contient des informations compromettantes pour son propriétaire. Mais Gilou n'est pas au mieux physiquement. Alors que les deux hommes croisent la route d'Esther et Willy, ils vont aussi rencontrer quelques petits loubards du coin qui ne vont pas leur mener la vie facile. Les derniers hommes.

Un film sombre, bien plus intimiste pour un Bouli Lanners qui ressemble trait pour trait au personnage qu'il incarne. De sa santé vacillante au rapport qu'il entretient dans la vie avec Dupontel. Car dans le film aussi, Cochise a tout du protecteur.

Interview

Et si ce film est teinté d'une forme de pessimisme au contraire de ses précédentes réalisations, la patte du cinéaste est encore bien là. Sa poésie, sa musique si particulière, ses héros itinérants et ses routes de campagne. Dans Eldorado (2008), Bouli Lanners nous racontait l'histoire loufoque de deux types en bagnole traversant le plat pays. Leurs aventures et leurs mésaventures. Et puis il y a eu "Les géants" (2011), un film solaire sur le vagabondage estival de trois gamins.

Optimiste, malgré tout

Dans ce conte à la photographie magistrale, la symbolique biblique croise la déchéance sociale. Un décor de fin du monde, où un Jésus campé par Philippe Rebbot fait même son apparition. Il n'existe peut-être que dans la tête d'Esther et Willy mais il leur montrera le chemin. Un peu comme Michael Lonsdale, sorte d'incarnation de la sagesse qui viendra en aide à Cochise et Gilou. Car paradoxalement, ce film est surtout un message d'espoir. Le seul film de Lanners qui finit bien.
 
Comme si cette atmosphère de fin du monde ou la maladie qui point et qui rapproche l'échéance, ne pourrait jamais nous empêcher de vivre à fond ce qu'il nous reste.

La FICHE

Drame de Bouli Lanners - Avec Bouli Lanners, Albert Dupontel, Michael Lonsdale et Suzanne Clément - Durée : 1h38. Sortie le 27 janvier 2016.

Synopsis : Dans une plaine infinie balayée par le vent, Cochise et Gilou, deux inséparables chasseurs de prime, sont à la recherche d’un téléphone volé au contenu sensible. Leur chemin va croiser celui d’Esther et Willy, un couple en cavale. Et si c’était la fin du monde ? Dans cette petite ville perdue où tout le monde échoue, retrouveront-ils ce que la nature humaine a de meilleur ? Ce sont peut-être les derniers hommes, mais ils ne sont pas très différents des premiers.



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