"Les Merveilles" : des souvenirs inventés, Grand prix du Festival de Cannes
3 / 5 ★★★☆☆
D'Alice Rohrwacher avec Alexandra Lungu, Sam Louvick, Alba Rohrwacher, Sabine Timoteo, Luis Huila et Monica Bellucci. 1h50 - Sortie : 11 février 2015
Synopsis : Dans un village en Ombrie, c’est la fin de l’été. Gelsomina vit avec ses parents et ses trois jeunes sœurs, dans une ferme délabrée où ils produisent du miel. Volontairement tenues à distance du monde par leur père, qui en prédit la fin proche et prône un rapport privilégié à la nature, les filles grandissent en marge. Pourtant, les règles strictes qui tiennent la famille ensemble vont être mises à mal par l’arrivée de Martin, un jeune délinquant accueilli dans le cadre d’un programme de réinsertion, et par le tournage du "Village des merveilles", un jeu télévisé qui envahit la région, navec une star du petit écran.
Un film "personnel" mais pas autobiographique
Alice Rohrwacher se défend d'avoir signé un film autobiographique. Tout juste y reconnait-elle un film "personnel". Que cette famille aux origines diverses (on y parle trois langues) ressemble à la sienne, qu'elle connaisse bien le métier d'apiculteur, que le film ait été tourné sur les lieux de son enfance et qu'elle s'identifie facilement au personnage du père n'y changent rien, son film n'est pas autobiographique ! Alors on veut bien la croire.
Un film très italien
Si la jeune cinéaste - elle a 33 ans - avoue porter une grande admiration à Rossellini, son film évoquerait davantage deux autres filiations, Pasolini pour l'ambiance générale de la ferme et Fellini pour certaines apparitions telles que le chameau (oui, avec deux bosses!) que le père de famille offre à ses filles ou le débarquement d'un tournage pour une émission de téléréalité présenté par une sylphide Monica Bellucci. Pasolini encore avec l'intrusion d'un enfant taiseux qui va bouleverser l'ordre établi, Fellini aussi avec l'une des filles de la fratrie prénommée Gelsomina, comme l'héroïne de "La Strada".
Des personnages attachants
Il ne se passe pas grand chose dans ce film et pourtant Alice Rohrwacher parvient à nous intéresser à la vie de cette famille. On y sourit des petits gags de la vie quotidienne, on y souffre de la rudesse du père envers ses enfants. De petites bêtises en accident, de colère du papa en disparition inquiétante du garçon mutique, le chameau tourne en rond, la vie va à son rythme et devient un souvenir sans même qu'on l'ait vue passer. La réalisation s'attache à la réalité des petites choses de la vie quotidenne, mais elle devient onirique ou fabuleuse à la survenue du chameau ou de l'équipe de télévision. A la fin du film on se dit qu'un ange est passé, qu'il a pris les visages de ces femmes, de ces petites filles, de ce petit garçon sans paroles, du papa maladroit aussi. On se dit que Monica Bellucci a bien fait de prêter sa beauté classique à cette oeuvre pleine de tendresse dont on s'étonne encore qu'elle ne soit pas autobiographique.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.