"Les Choses humaines" : Yvan Attal adapte le roman de Karine Tuil sur le viol dans une actualité brûlante
Ce n’était pas voulu, mais la neuvième réalisation d’Yvan Attal sort sous le feu des affaires Nicolas Hulot et Aurélie Filippetti.
Acteur passé à la réalisation, Yvan Attal sort Les Choses humaines mercredi 1er décembre, d’après le roman de Karine Tuil, prix Goncourt des lycéens 2019. Inspiré de l’affaire de viol du campus de Stanford en 2016, le roman, et le film, questionnent le consentement depuis le premier procès pour viol répertorié de la fin du Moyen-âge, comme en témoignait récemment Le Dernier duel de Ridley Scott.
Histoire de famille
Fils de deux intellectuels médiatiques parisiens, Alexandre (Ben Attal), brillant étudiant à l’université de Standford, est accusé de viol par la fille du nouveau compagnon de sa mère. Arrêté, il oblige ses deux parents à se rapprocher. Claire (Charlotte Gainsbourg), journaliste engagée dans la cause féministe, ne pense qu’à sauver son fils de la prison, au risque de renier ses convictions, alors que Jean (Pierre Arditi), vedette de la télévision, pense à se servir de son réseau pour le protéger. Jusqu’au procès où va se jouer l’avenir d’Alexandre.
Yvan Attal est visiblement porté par son sujet dans Les Choses humaines quand il aborde le viol et ses conséquences dans une famille éclatée. Il n’hésite d’ailleurs pas à y impliquer son fils comédien Ben et son épouse Charlotte Gainsbourg. Il le confie lui-même, sa présence à un procès pour viol dans le cadre de sa documentation pour le film, a été l’élément essentiel à l’angle qu’il a choisi : le point de vue du juré obligé de décider de l'avenir d'un homme. Son sujet complexe et douloureux est attisé par les récentes accusations de viol contre Nicolas Hulot, et de harcèlement contre Jérôme Cahuzac par l'ex-ministre de la Culture Aurélie Filippetti.
Eviter le film procès
Les films sont souvent mis à l’aune de leur seul sujet, en négligeant tout bonnement le cinéma : le scénario, la mise en images et son, la mise en scène, le montage... Yvan Attal a une véritable vocation de réalisateur, cela ne fait aucun doute. Son adaptation du roman de Karine Tuil semble fidèle, alliée à l’expérience du réalisateur dans la documentation nécessaire à son film. Mais malgré un beau casting (Arditi, Gainsbourg, Kassovitz et les belles prestations de Ben Attal et de Suzanne Jouannet), l’impact du film ne répond pas complètement aux attentes.
On est d’abord étonné par la première apparition de Charlotte Gainsbourg (Claire), interviewée à la radio, qui semble réciter une déclaration féministe convenue, puis par d'autres échanges dans le film qui ne sont pas toujours convaincants. Le choix de terminer sur une longue scène de procès entrecoupée de flash-backs est une bonne idée, mais ne retire pas complètement l’impression fastidieuse du procédé. Restent les bonnes intentions.
La fiche
Genre : Drame
Réalisateur : Yvan Attal
Acteurs :Ben Attal, Suzanne Jouannet, Charlotte Gainsbourg, Pierre Arditi, Mathieu Kassovitz, Audrey Dana, Benjamin Lavernhe, Judith Chemla
Pays : France
Durée : 2h18
Sortie : 1er décembre 2021
Distributeur : Gaumont Distribution
Synopsis : Un jeune homme est accusé d’avoir violé une jeune femme. Qui est ce jeune homme et qui est cette jeune femme ? Est-il coupable ou est-il innocent ? Est-elle victime ou uniquement dans un désir de vengeance, comme l’affirme l’accusé ? Les deux jeunes protagonistes et leurs proches vont voir leur vie, leurs convictions et leurs certitudes voler en éclat mais… N’y a-t-il qu’une seule vérité ?
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