"Le Sel de la Terre" Salgado vu par Wenders, bouleversant
5 / 5 ★★★★★
"Le Sel de la Terre". film documentaire coréalisé par l'Allemand Wim Wenders et le Français Juliano Ribeiro Salgado. 2h08. Sortie en France le 15 octobre 2014. Présenté à Cannes en 2014 dans la section "Un certain regard".
C'est comme si le nom de la section "Un certain regard" à Cannes avait été choisi pour accueillir un jour ce film magnifique et bouleversant. Ce "certain regard", c'est tout d'abord celui que pose depuis quarante ans le photographe Sebastiao Salgado. Ses photos noir et blanc au contraste toujours dense et subtil ont raconté des odyssées humaines souvent tragiques. Qu'il soit allé partager le quotidien des milliers de chercheurs d'or brésiliens dans la plus grande mine à ciel ouvert du monde, qu'il ait immortalisé les pompiers tentant d'éteindre les incendies des champs pétrolifères au Proche-Orient, qu'il ait perdu goût à la photo lors du génocide rwandais, le regard qu'il porte sur les hommes même les plus modestes est toujours celui d'un égal, d'un frère. Un homme, une femme, un enfant, même un corps désarticulé n'est jamais l'objet de sa photo, il en est toujours le sujet.
Le regard d'un fils
Le "certain regard" c'est aussi celui que Wenders et Salgado le fils portent sur la carrière et sur la vie du photographe. Quelques documents personnels, films de famille, extraits de rencontre avec le grand-père viennent raconter le parcours de cet exceptionnel homme d'images. Mais l'essentiel du film est composé des extraordinaires photos noir et blanc de Salgado. Les deux cinéastes ont aussi suivi le photographe lors de reportages lointains et l'ont interviewé à propos de certains de ses clichés. L'image même de Salgado parlant de ses photos est également magnifique.
L'humanité et sa planète
Si les photos sont sans égales, l'histoire de homme Salgado vaut aussi d'être contée. Après avoir accompagné les victimes du génocide rwandais, vécu cette abomination de l'intérieur, il avait perdu le goût de photographier l'humanité. Il est donc retourné chez lui, avec sa femme. Chez lui, c'est à dire au Brésil, sur les terres de ses parents passées en quelques décennies de paysage de forêt verdoyante à désert sans âme. Le couple a alors alors décidé de reboiser. Et les Salgado ont planté des arbres pendant dix ans. Deux millions et demi. Et la forêt a retrouvé vie. Alors Sebastiao a repris l'appareil photo. Cette fois il a voulu rendre un hommage à la terre. Et ce qu'il avait fait pour l'humanité, il l'a fait pour sa planète. Il en est résulté l'un des plus beaux albums de l'histoire de la photographie : "Genesis".
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