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"La Vraie Famille" de Fabien Gorgeart, un film bouleversant sur l'arrachement d'un enfant à sa famille d'accueil

Le deuxième film de Fabien Gorgeart aborde avec sensibilité le moment tragique où un enfant placé est retiré de sa famille d'accueil pour retourner vivre avec son père biologique.

Article rédigé par Laurence Houot
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
"La vraie famille", de Fabien Gorgeart (Cédric Sartore)

Après avoir raconté dans son premier film Diane a les épaules, l'histoire d'une femme prêtant son ventre à un couple d'amis, Fabien Gorgeart raconte dans La Vraie Famille, son deuxième long-métrage, celle d'un enfant placé retiré à sa famille d'accueil pour retourner vivre avec son père. En salles le 16 février 2022.

Depuis qu'il a un an et demi, Simon (Gabriel Pavie) est accueilli dans une famille d'accueil. Son père (Félix Moati Moati), déprimé après la mort de sa femme, s'est trouvé dans l'incapacité de s'occuper de lui. La greffe a si bien pris que Simon considère sa famille d'accueil comme sa "vraie famille". Il appelle Anna (Mélanie Thierry) "maman", considère Jules et Adrien, comme ses frères. Seul le père de la famille d'accueil (Lyes Salem) reste à légère distance, car Simon a un père, qu'il voit une fois par mois.

Simon a maintenant 6 ans, et vit une vie de famille presque "normale", avec ses joies et ses tensions, jusqu'au jour où l'aide sociale à l'enfance annonce à Anna que le père de Simon souhaite le récupérer…

La bonne distance

Cette histoire, Fabien Gorgeart, le réalisateur, la connaît bien. "Quand j’étais petit, ma famille a accueilli un enfant, qui est resté chez nous de dix-huit mois à six ans, exactement comme dans La vraie famille". Une expérience si marquante pour lui qu'il a depuis toujours voulu en faire un film, pour "transformer ce souvenir personnel, si chargé émotionnellement, en fiction, et, ainsi, lui conférer une portée plus universelle".

Mélanie Thierry, Anna, dans "La vraie famille", de Fabien Gorgeart, février 2022 (Cédric Sartore)

Comment raconter cette histoire tragique en gardant une distance ? C'est ce que Fabien Gorgeart a essayé (et réussi) avec ce film qui rend compte avec justesse et sans parti-pris des difficultés et des souffrances auxquelles tous les protagonistes sont confrontés. L'enfant, la famille accueillante, le père… il leur faut tous traverser la tourmente qui fait rage à ce moment tragique de la séparation.

Sans parti-pris

En accueillant Simon, Anna exerce un métier. Mais comment rester à sa place ? Le film montre la relation fusionnelle de la jeune femme avec Simon, qui passe par le corps, les regards, les gestes, puis la douleur de la séparation, à la hauteur de cet attachement, fort et viscéral. La caméra capte aussi la complicité de Simon avec ses "frères", et le père de sa famille d'accueil, si bienveillant, si juste dans sa relation avec l'enfant, et aussi les raideurs de Simon quand il est avec son "vrai" père qui est "comme un oncle qu'il voit de temps en temps".

"La vraie famille", de Fabien Gorgeart, février 2022 (Cédric Sartore)

Sans manichéisme, le film montre une institution certes froide en comparaison des sentiments qui s'expriment, mais bel et bien à sa place dans son rôle nécessaire de surplomb, notamment quand Anna passe la ligne rouge.

Filmé en plans séquences, une caméra au plus près des personnages, la mise en scène, soignée, laisse toute la place à des acteurs formidables autour du duo Mélanie Thierry / Gabriel Pavie, époustouflants de justesse.    

Affiche du film "La vraie famille", de Fabien Gorgeart, sortie le 16 février 2022 (le Pacte)

La fiche :

Genre : Drame
Réalisateur : Fabien Gorgeart
Acteurs : Mélanie Thierry, Lyes Salem, Félix Moati, Gabriel Pavie
Pays : France
Durée : 1h42
Sortie : 16 février 2022
Distributeur : Le Pacte

Synopsis : Anna, 34 ans, vit avec son mari, ses deux petits garçons et Simon, un enfant placé chez eux par l’Assistance Sociale depuis l’âge de 18 mois, qui a désormais 6 ans. Un jour, le père biologique de Simon exprime le désir de récupérer la garde de son fils. C’est un déchirement pour Anna, qui ne peut se résoudre à laisser partir celui qui l’a toujours appelée « Maman ».

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