« La Vie d’une autre » : Sylvie Testud mal en point
Synopsis : Marie, 40 ans, se réveille en pensant qu’elle en a 25. Elle a oublié 15 ans de sa vie. Elle se réveille au début d’une histoire d’amour qui en fait se termine. Elle se réveille et elle a quatre jours pour reconquérir l’homme de sa vie.
Affiche parrainée
Le titre du premier film de Sylvie Testud relève de la synchronicité chère à Jung, puisqu’il correspond mot pour mot à ce passage de la comédienne à la réalisatrice. Pour ce premier essai, elle s’est bien entourée puisqu’elle adapte le roman à succès de Frédérique Deghelt, et offre les premiers rôles à Juliette Binoche et Mathieu Kassovitz qui ne sont pas des amateurs.
Autant dire que Sylvie Testud ne prend guère de risque, d’abord en réalisant une comédie dramatique, le « genre » le plus usité du cinéma français, en s’entourant d’un couple d’acteurs vendeurs en haut de l’affiche. Le sujet, lui, tire sur une corde romanesque et plutôt ludique, puisqu’une femme se réveille après avoir rencontré l’homme de sa vie 15 ans plus tard, sans aucun souvenir, alors qu’elle se retrouve en plein divorce, à la tête d’une multinationale. Un « pitch » de comique de situation, teinté de romantisme qui n’est pas sans rappeler le ton de la comédie américaine des années 50 (la scène nocturne dans Paris).
Testud aux abonnés absents
Mais la sauce ne prend pas. La forte personnalité qui émane de Sylvie Testud, comédienne, semble s’être estompée devant la grandeur de la tâche. Comme si elle s’était fait tenir la main pour tourner. La mise en scène est totalement absente, enquillant les scènes les unes après les autres sans ressenti, en se reposant seulement sur la situation. Juliette Binoche ne convainc pas dans le registre de la comédie, un peu comme dans « Copie conforme » qui lui avait pourtant valu le Prix d’interprétation à Cannes en 2010, à nos yeux usurpé.
L’actrice est bien meilleure dans les scènes d’émotion, alors que Mathieu Kassovitz est, lui, toujours juste. Mais l’on se demande un peu ce qu’il fait là. Aure Atika qui interprète la cinquième roue du carrosse, est, elle, comme toujours, à sa place, juste aussi. Il faudra bien qu’un jour on lui offre le premier rôle qui lui revient. Sylvie Testud s’est, elle, effacée. Seules écartades, le choix des comédiens de seconds rôles que l'on sent proches d'elle : Daniele Lebrun, Vernon Dobtcheff, François Berléand, Marie-Christine Adam. Mais le film ne semble pas lui ressembler, comme si elle n’était pas parvenue à endosser la peau d’une autre.
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