« La Taupe » : espion lève-toi
Synopsis : 1973. La guerre froide empoisonne toujours les relations internationales. Les services secrets britanniques sont en alerte maximum, alors que le patron du MI6 se retrouve sur la touche avec son fidèle lieutenant, George Smiley. Ce dernier est secrètement remis sur les rails pour débusquer un agent double soviétique qui a infiltré le M16.
Adapté d’un roman de John le Carré, le célèbre auteur de roman d’espionnage a donné son aval à l’adaptation de « La Taupe » avec appréhension, ayant été enchanté de celle réalisée pour la télévision britannique en 1980 (« Tinker, Tailor, Soldier, Spy »), avec Alec Guinness, sur sept épisodes. A l’arrivée, le Carré s’est dit ravi, voyant dans le film de Tomas Alfredson la meilleure adaptation au cinéma d’un de ses romans.
Le cinéaste avait déjà fait fort en 2009 avec « Morse » (Grand prix du festival de Gérardmer) qui abordait le thème du vampire sur un mode totalement novateur, où le prédateur, plutôt la prédatrice, avait l’apparence d’une petite fille qui se liait d’amitié avec un garçon de son âge… apparent. « La Taupe » garde avec « Morse » l’extrême lenteur du déroulement de son intrigue et un travail sur la photographie remarquablement talentueux.
Le film est de plus servi par un casting de premier choix : Garry Oldman (nommé aux Oscars), Colin Firth, John Hurt et Mark Strong, entre autres. Atout majeur : la photographie fondée sur une harmonie de brun et de gris, des non couleurs au prime abord contradictoires aux chatoyantes années 70 – époque du film. Elles servent admirablement le propos, imbriqué dans une guerre froide atténuée par la détente, mais toujours présente et ravivée, dont les protagonistes ont plus une texture de fonctionnaire que de héros charismatique, souvent identifié à l’espionnage.
Aussi, « La Taupe » doit pour beaucoup à ses atmosphères feutrées, éteintes, derrière lesquelles s’exerce une violence inouïe entre Etats, sous le couvert d’attitudes policées. Le film revient de ce fait aux films d’espionnage traditionnels, aux intrigues extrêmement complexes, alambiquées et aux personnages surnuméraires. Tant et si bien que l’on en perd aisément le fil et que les enjeux deviennent subalternes à l’impression que fait naître la mise en scène. N’en est-il pas de même dans « Le Faucon maltais » ou « Le Grand sommeil », dont les auteurs et acteurs, eux-mêmes, disaient ne rien comprendre. Comme disait Godard, l’important n’est pas de comprendre mais la beauté
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