"La Promesse de l'aube" : Pierre Niney trop lisse en Romain Gary


Romain Gary a couché sur le papier son enfance difficile en Pologne, confronté à l'antisémitisme, puis sur la Côte d'Azur. Dans son roman paru en 1960, il rend d'abord hommage à cette mère au caractère bien trempé, qui ne renonce jamais malgré les coups durs, portée par une seule cause : la réussite de son fils. Elle est habitée. "Il ne t'arrivera rien" lui répète-t-elle, au coeur des situations les plus sombres. Elle imaginera même lui faire assassiner Hitler avant de renoncer.

Le mode de récit, avec une voix off très présente de Pierre Niney (Gary adulte), assure le rythme mais c'est au détriment de la sensibilité et de la finesse si bien déployés dans l'oeuvre de référence. Du grand spectacle, oui. Mais il manque les aspérités, tout avance trop vite, on ne fait qu'effleurer ces moments de drames ou d'allégresse. Charlotte Gainsbourg déploie une belle énergie, impose un accent russe sans se décrédibiliser, mais elle perd en subtilité. Pierre Niney, lui, surjoue Gary sans nous convaincre. Son incarnation reste en surface, pas assez de tourments, on cherche en vain les démons qui habitaient l'écrivain.


LA FICHE
"La Promesse de l'aube", drame français d'Eric Barbier – avec Pierre Niney, Charlotte Gainsbourg, Didier Bourdon et Jean-Pierre Darroussin – Durée : 2h00 – Sortie : 20 décembre 2017
Synopsis : De son enfance difficile en Pologne en passant par son adolescence sous le soleil de Nice, jusqu’à ses exploits d’aviateur en Afrique pendant la Seconde Guerre mondiale… Romain Gary a vécu une vie extraordinaire. Mais cet acharnement à vivre mille vies, à devenir un grand homme et un écrivain célèbre, c’est à Nina, sa mère, qu’il le doit. C’est l’amour fou de cette mère attachante et excentrique qui fera de lui un des romanciers majeurs du XXème siècle, à la vie pleine de rebondissements, de passions et de mystères. Mais cet amour maternel sans bornes sera aussi son fardeau pour la vie…
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