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"La fille du patron" d'Olivier Loustau, romance dans une usine menacée

"La Fille du Patron", premier long métrage de l'acteur Olivier Loustau coproduit par Julie Gayet, en salles mercredi, est une plongée dans le monde ouvrier à travers l'histoire d'amour entre un chef d'atelier et la fille du patron.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Christa Théret et Olivier Loustau dans "La fille du patron", d'Olivier Loustau
 (Wild Bunch Distribution)

Julie Gayet a souligné l'importance de "tourner un film dans le monde ouvrier, un monde sous-représenté dans le monde cinématographique", lors de la présentation du film au Festival du cinéma  social et ouvrier de Carmaux (Tarn) en octobre.
              
"Ils sont sous-représentés et d'une manière qui ne me plaît pas", alors qu'ils constituent pourtant plus de 20% de la population en France, a renchéri  Olivier Loustau, lui-même fils d'ouvrier.


Un chef d'atelier qui tombe amoureux de la fille du patron         

Le film met en scène Vital (Olivier Loustau), 40 ans, chef d'atelier d'une équipe de tricoteurs. Marié et père d'une petite fille, il tombe amoureux d'Alix, 25 ans, venue à l'usine pour mener une étude ergonomique commandée par son père, le PDG de l'usine (Patrick Descamps).
              
Alix, interprétée par Christa Théret ("LOL", "Renoir", "Marguerite") choisit Vital comme "cobaye" mais succombe à son charme, au grand dam de tout son entourage.
              
Avec lui, elle cherche à s'affranchir de son père. Leur liaison est très vite découverte et ils ne s'en cachent plus.

Dans un monde industriel en déclin    

"J'ai voulu situer l'action de mon premier film au coeur d'une usine et faire de cet univers industriel en déclin le cadre d'une comédie sociale", explique Olivier Loustau, l'un des interprètes fétiches d'Abdellatif Kechiche  ("La Faute à Voltaire", "L'Esquive", "La Graine et le mulet", "Vénus noire"), également scénariste.
 
"Dès l'écriture, j'étais motivé par la question de représenter les classes populaires de manière vivante, sans pathos ni misérabilisme. J'avais envie de montrer ces héros ordinaires, avec leurs forces et leurs faiblesses", ajoute le cinéaste.
              
"Ce qui m'intéresse, explique-t-il, ce sont les conséquences de cette relation pour la société, pour le père qui perd sa lucidité de chef d'entreprise".

La solidarité transposée dans un match de rugby       

Le film - dont la musique a été composée par Fixi, accordéoniste et ancien membre du groupe Java - dresse un parallèle permanent entre l'osmose brisée de l'usine et la solidarité qui unit les employés quand ils jouent au rugby deux à trois fois par semaine en équipe d'entreprise.
              
Olivier Loustau multiplie les gros plans lors de l'entraînement et de deux matches.
              
"Le rugby, ce sont un peu les valeurs de l'entreprise : courage, ténacité,  solidarité, abnégation, sacrifice", énumère le réalisateur, qui a fait tourner de vrais ouvriers comme figurants.
              
Arrivés en finale, alors que leur usine est en vente et leur avenir menacé, les ouvriers décident quand même de jouer.

Le film tourné dans une usine condamnée à la fermeture      

Vêtus d'un t-shirt noir de deuil, ils le font pour eux-mêmes, pour leur  "dignité", explique le réalisateur. "Une manière de dire que la solidarité est une arme de résistance massive", dit-il encore.
 
Le tournage lui-même a été dur, puisqu'il a été réalisé dans une usine de Roanne (Loire), Bel Maille, condamnée à la fermeture.
              
La primeur du film, d'un coût de 2,5 millions d'euros, selon Julie Gayet, a été donnée le 20 septembre aux ex-ouvriers de Bel Maille en présence de toute l'équipe.

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