"Insaisissables 2", le retour d'un casting de haut vol
Une suite fidèle
“Insaisissables” était apparu comme l’une des bonnes surprises de l’été 2013. Sorti du chapeau de Louis Leterrier, on découvrait alors que le réalisateur du “Transporteur” et du nouveau “Choc des Titans” était plutôt bon illusionniste, sans toutefois parvenir à rivaliser avec “Le Prestige” de Christopher Nolan. Peu importe. La magie peut-elle opérer deux fois de suite ? C’est la question que l’on pouvait légitimement se poser avant de voir la séquelle des aventures des 4 cavaliers, deuxième volet dirigé cette fois-ci par l’américain Jon Chu. Il faut dire que la filmographie de ce dernier, parsemée d’échecs critiques (de “Sexy Dance 2” à “G.I Joe : Conspiration”) n’aide pas vraiment à rassurer.Des interrogations donc et un constat au bout de 2h05 de film : “Insaisissables 2” est une suite assez réussie et fidèle à l’esprit d’origine.Tours de magie, action et humour, tous les ingrédients sont réunis pour que le résultat plaise aux fans de la première heure. Pour ceux qui n’auraient pas vu le premier épisode, ils peuvent toujours compter sur Morgan Freeman qui, dès les premières secondes, relate avec un grain de vengeance dans la voix comment l’équipe de magiciens braqueurs de banques et héros de l’histoire l’ont fait atterrir en prison. “Oeil pour oeil”, promet-il, tandis que la caméra filme en contre-plongée un escalier blanc en colimaçon, laissant facilement deviner les contours d’une pupille - le titre original du film est d’ailleurs “Now you see mee” (maintenant vous me voyez). Le spectateur est prévenu : la réalité n’est pas toujours là où on pense la voir. On s’attend à être soi-même victime d’une illusion sans avoir la promesse de connaître le “truc” à la fin. Alléchant.
Formidable casting pour un scénario soigné
Cette suite, plutôt bien tournée, s’avère aussi créative quant au potentiel narratif de certains personnages - on ne dira pas lesquels - qui ont plus d’un tour dans leur sac. Tous, à l’exception du personnage féminin qui change (Lizzy Caplan remplace Isla Fisher) sont là : l’illusionniste Daniel Atlas (Jesse Eisenberg), le prestidigitateur pickpocket Jack Wilder (Dave Franco), le mentaliste Merritt MacKinney (Woody Arelson), leur chef Dylan Rhodes (Mark Ruffalo), l’ex-présentateur de télé qui démonte les tours de magiciens dans ses émissions Thaddeus Bradley (Morgan Freeman) et Arthur Tressler (Michael Caine, que l’on a envie d’appeler Alfred depuis son rôle dans la trilogie des Batman de Nolan). Exit le personnage de Mélanie Laurent, bienvenu Daniel Radcliffe (Walter Mabry), magnat de l’informatique et criminel à plein temps qui recrute de force les quatre magiciens.Outre ce casting huit étoiles, le scénario s’apprécie par sa capacité à se densifier par moments, créer des diversions et emmêler les fils de l’intrigue afin de volontairement perdre le spectateur pour mieux le surprendre. Sans chercher à “spoiler”, disons que les quatre cavaliers, abusés par un tour qu’ils n’avaient pas vu venir, vont devoir brouiller les pistes pour tenter de s’en sortir avec brio. Autre qualité, le film se nourrit des problématiques technologiquesdu temps : la dictature de la transparence et la revente des identités numériques, en l’occurence via un logiciel qui peut accéder au contenu de n’importe quel ordinateur (un Facebook vraiment pas cool en somme, même si on n'en est plus très loin). “Dans un univers totalement surveillé, la liberté c’est de ne pas être vu”, explique le machiavélique Walter Mabry. On se souviendra du conseil.
Daniel Radcliffe est resté à Poudlard
Quelques réserves cependant. À pointer du doigt quelques facilités d’écriture classique qui font un peu râler (quand ce n’est pas bondir de son fauteuil). Par exemple, pour justifier dans l’histoire le départ d’Isla Fisher, Ed Solomon (scénariste de “Insaisissables” et “Men in Black”) ne s’est pas foulé : l’alter ego fictif de l’actrice a décidé du jour au lendemain de quitter l’Oeil, du nom de l’organisation pour laquelle travaillent les quatre cavaliers et autres illusionnistes. Pratique, n’est-ce pas ? Aussi, les effets spéciaux et la magie font souvent bon ménage (voir Jesse Eisenberg qui change un plat de sushis en attaché case reste assez savoureux) sauf dans l’une des scènes principales ! Le réalisateur y use (et abuse) des ralentis et des gros plans aériens durant lesquels on suit en caméra subjective une carte électronique, volée par les magiciens, se balader pendant cinq minutes d’une manche à l’autre sans que personne n’y prête attention. C’est long et on n’y croit pas vraiment.Quant à Daniel Radcliffe, il est malheureusement resté coincé derrière le portait de la grosse dame à Poudlard. Contrairement à Emma Watson (“Colonia”), il n’arrive toujours pas à s’émanciper du rôle de sorcier (Harry Potter, si vous n’étiez pas sur terre entre 2001 et 2011) qui l’a fait connaître. Et la barbe fournie qu’il arbore n’y change rien. Bref, si les autres acteurs sont tous des as du jeu (Eisenberg et Ruffalo, excellents), Daniel, manque de pot, a du mal à convaincre en petit génie du crime et des réseaux sociaux.
En résumé, “Insaisissable 2” est, dans la lignée du premier film, un bon divertissement familial, bien rythmé, qui se regarde facilement, et dont le scénario parvient à nous mener par le bout du nez (on se doute de quelques petits trucs quand même) sans pour autant nous retourner le cerveau. Un troisième film est d’ores et déjà dans les tuyaux. Celui de trop ?
LA FICHE
Thriller, action comédie de Jon M. Chu (Etats-Unis) - Avec : Jesse Eisenber, Mark Ruffalo, Woody Harrelson, Dave Franco, Daniel Radcliffe, Lizzy Caplan, Morgan Freeman Michael Caine - Durée : 2h05 - Sortie: 27 juillet 2016
Synopsis : Un an près avoir surpassé le FBI et acquis l'admiration du grand public grâce à leurs tours de magie exceptionnels, les 4 cavaliers reviennent. Pour leur retour sur le devant de la scène, ils vont dénoncer les méthodes peu orthodoxes d'un magnat de la technologie à la tête d'une vaste organisation criminelle. Ils ignorent que cet homme d'affaires, Walter Marbry, a une longueur d'avance sur eux, et les conduit dans un piège : il veut que les magiciens braquent l'un des systèmes informatiques les plus sécurisés du monde. Pour sortir de ce chantage et déjouer les plans de ce syndicat du crime, ils vont devoir élaborer le braquage le plus spectaculaire jamais conçu.
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