Festival du film policier de Reims : Kim Chang-hoon signe avec "Hopeless" un thriller social d'une violence inouïe

Le réalisateur sud-coréen s’approprie les codes des films sur la mafia pour dénoncer la violence sociale. "Hopeless", un film intelligent et subversif.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
L'acteur Hong Xa-bin dans le film "Hopeless" de Kim Chang-hoon. (PLUS M ENTERTAINMENT)

À la fin de la séance nocturne, deux personnes, un père et son fils, poussent à l'unisson un soupir de délivrance. Avant qu'ils ne commencent à commenter le film, une autre personne pousse la porte de sortie de la salle et lâche un ouf de soulagement à haute voix et dit en ne s'adressant à personne en particulier : "C'était trop". La violence, montrée, assumée, de certaines scènes du film sud-coréen Hopeless, en compétition officielle au 4e Festival du film policier de Reims et qui sera dans les salles françaises le 17 avril, est particulièrement insoutenable.

Des passages de torture physique et mentale sont filmés en gros plan. C'est le parti pris de Kim Chang-hoon, auteur et réalisateur, qui ne cherche pas à cacher la violence des rapports sociaux qui régissent une partie de la société sud-coréenne. Le cinéaste oblige son public à regarder dans les yeux la misère, ceux qui tentent d'en échapper et ceux qui en profitent. Au cœur de toute cette noirceur, il y a pourtant une forme de résilience.

"J'essaie de changer"

Le film s'ouvre sur un lycéen, Yeon-gyu, interprété magistralement par Hong Xa-bin, qui agresse un camarade en le frappant avec une pierre au visage. Yeon-gyu bout de l'intérieur. Son impuissance le mine. Alors, il rêve d'un pays où "il y a de l'égalité", la Hollande. Sans le sou, sa famille survit chichement. Son beau-père alcoolique dont les affaires périclitent, et qui promet de changer et de devenir meilleur, le bat quotidiennement. Yeon-gyu, qui ne voit plus de lumière ni d'espoir nulle part, se rapproche d'un gang, attiré par son chef charismatique et mystérieux, Chi-geon, incarné par Song Joong-ki qui a accepté de ne pas être rémunéré pour que ce film puisse voir le jour.

"Appelle-moi frère, pas boss", demande ce dernier au lycéen, en recherche d'un père ou d'un frère ainé de substitution. L'initiation du jeune homme dans le monde de la pègre tourne au cauchemar. En fuyant la violence familiale, il se retrouve prisonnier d'une autre violence. "Le pays où il y a de l'égalité n'existe pas", le prévient son nouveau protecteur. Et à Yeon-gyu de découvrir, à son insu, le prix de cette protection.

Hopeless n'est pas un énième film sur la pègre. Il se rapproche davantage du polar social noir, très noir. Pour son premier long-métrage, Kim Chang-hoon réalise un coup de maître. Il travaille son public au corps. Il voit comme conséquence inéluctable à l'inégalité un mécanisme implacable où seuls les plus puissants s'en sortent, grâce à un pouvoir politique vulnérable et soumis.

Hopeless, porté par deux acteurs exceptionnels, est une fresque sociale, dépeinte avec une violence inouïe en sus. Sélectionné dans la catégorie Un Certain Regard, au Festival de Cannes 2023, Hopeless n'hésite pas à accaparer des codes des films sur la mafia pour aller plus loin.

Affiche du film "Hopeless" de Kim Chang-hoon. (BAC FILMS)

La fiche

Genre : Policier, Drame
Réalisateur : Kim Chang-hoon
Acteurs : Hong Xa-bin, Song Joong-ki, Kim Hyoung-seo
Pays : Corée
Durée : 2h04
Sortie : 17 avril 2024
Distributeur : Bac Films
Synopsis : Pour fuir une vie sans avenir et sans espoir, un jeune homme est entraîné dans une spirale de violence qui le conduira au cœur d'une organisation criminelle menée par un leader charismatique.

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