[DEAUVILLE] "The Secret" : Jessica Biel manipulatrice
Synopsis : À Cold Rock, petite ville minière isolée des Etats-Unis, de nombreux enfants ont disparu sans laisser de traces au fil des années, et n’ont jamais été retrouvés. Chaque habitant semble avoir sa théorie sur le sujet mais pour Julia, le médecin de cette ville sinistrée, ce ne sont que des légendes urbaines. Une nuit, son fils de 6 ans est enlevé sous ses yeux par un individu mystérieux. Elle se lance à sa poursuite sachant que si elle le perd de vue, elle ne le reverra jamais...
Vive la crise
Les échanges cinématographiques franco-américains, créatifs et financiers, s’intensifient. « Wrong », projeté en compétition à Deauville, est une production franco-américaine. « The Secret »,, hors compétition, sort mercredi sous la triple bannière française, étasunienne et canadienne, avec derrière la caméra et au scénario le Français Pascal Laugier, et dans le rôle principal l’Américaine Jessica Biel. Beau melting pot.
Film de genre, rattaché au fantastique comme thriller faisant appel à une entité mystérieuse voleuse d’enfants (le boogeyman aux Etats-Unis, le croque-mitaine, en France), « The Secret » s’offre en fait comme un terrain de réflexion sur le sort des enfants issus de milieu défavorisé. Le thème de la crise économique envahit le cinéma américain, comme en son temps l’après 11 septembre. Nombre de films de ce Festival de Deauville en témoignent.
Auteur du scénario sur un sujet qu’il porte en lui depuis deux ans, Pascal Laugier n’est pas parvenu sans peine à faire aboutir son projet. C’est aujourd’hui chose faite, avec au final un film aux allures de blockbuster, qui fait montre de sa maîtrise de la mise en scène et d’un montage financier complexe, une bonne carte de visite pour Hollywood. Laugier s’est distingué de notre côté de l’Atlantique avec deux films fantastiques : « Saint Ange » (film de fantômes, déjà, avec des enfants) et « Martyrs » qui traitait de l’enfance martyrisée.
« Salauds de pauvres »
Pascal Laugier persiste et signe dans ses thèmes de prédilection avec une ampleur budgétaire décuplée, pour au résultat un thriller dans les règles de l’art, efficace, manipulateur à souhait, avec une révélation qui quand elle tombe se fait demander à chacun, « pardons, j’ai bien vu et entendu ? » C’est la réussite du film. Après, ce qu'il dit peut être perçu comme plus tendancieux, pointant franchement du doigt le supposé délabrement éducatif infligé par les classes défavorisées, stigmatisées par l’alcool, la violence et l’ignorance. Ce côté « salauds de pauvres » prend quand même beaucoup de place.
Laugier le contredit par un personnage de mère qui cherche à récupérer son fils, ce qui permet au film de poser la question en toute dernière ligne : vaut-il mieux laisser ses enfants évoluer dans un milieu présupposé sclérosant, ou leur offrir, même par la force, les portes de la connaissance en les insérant dans un milieu bourgeois ? Bon sujet de philo, mais à prendre avec des pincettes, ce que ne fait pas forcément « The Secret ». Ce qui est sûr, c’est qu’il maintient le secret jusqu’au bout. Et ce n’est pas au film de le résoudre pour nous.
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