[DEAUVILLE] "Smashed" : à la tienne Etienne
Synopsis : Kate et Charlie aiment passer du bon temps ensemble. Ils partagent une passion commune pour la musique, les fous rires… et la beuverie. Mais Kate développe peu à peu un comportement alcoolique dangereusement asocial qui met en péril son emploi de maîtresse d’école. Les choses doivent changer, mais ce changement est loin d’être une partie de plaisir. En devenant sobre, Kate devra assumer les mensonges de sa vie, sa mère, les fondements de son couple.
La faveur du public
Si l’on parle beaucoup de drogue dans les films américains, l’alcoolisme est plus rare. Il tient pourtant sans doute une part plus importante dans l’usage, mais est moins spectaculaire en termes de trafic et d’addiction ; son traitement filmique est donc bien moindre. C’est une des qualités de « Smashed » que de l’aborder, notamment sous un angle féminin. Concourant pour le grand Grand prix, son réalisateur James Ponsoldt s’est vu gratifier d’un « Happy Birthday to You » spontané de la part du public, la date de ses 34 ans correspondant à celle de son arrivée en France, la veille. De bon augure.
Il a salué à cette occasion le Festival, confiant qu’il rêvait d’être à Deauville depuis des années, estimant que c’est l’un des meilleurs et les plus originaux du monde. « Smashed » a remporté la faveur du public. Sa facture classique et assez attendu sur un tel sujet provoque une adhésion consensuelle. Pas de vagues, donc, ou si peu. Reste que l’adhésion aux Alcooliques anonymes de la part de Kate (formidable Mary Elizabeth Winstead) va la conduire à la perte de son emploi et à la destruction de son couple. Rien n’est tout blanc ou tout noir dans cette histoire, et c’est la qualité du scénario d’en faire montre.
L’impasse
James Ponsoldt, derrière la caméra, est également à l’origine du sujet et coscénariste, pour avoir dans son entourage plusieurs personnes qui ont nourri son script, raison pour laquelle il l’a écrit. Réaliste sans tomber dans les excès du trash, il traite d’un alcoolisme ordinaire, pernicieux, qui s’installe sans crier gare, par habitude, mais qui au fil du temps grignote le corps et l’esprit, jusqu'à devenir un handicap social sans retour, ou presque.
Kate devant l’incapacité de travailler et obligée de mentir constamment pour cacher son vice, va faire le choix de s’en sortir. Ce qui ne sera pas celui de son mari, qui exerce son métier à la maison, critique musical, aux relations festives. Jusqu’ici tout va bien. N’empêche que son couple va basculer dans l’impasse à cause de l’alcool. La fin ouverte du film laisse en suspend la question de ses retrouvailles avec Kate. Ce n’est pas l’enjeu du film, celui-ci étant le cheminement de cette jeune femme à sortir d’un enfer qui a tous les attraits du paradis. Sans artifices, sensible et sincère.
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