[DEAUVILLE] Paul Dano en quête de paternité rock’n’roll dans "For Ellen"
Synopsis: Quand Joby, rock-star en herbe, accepte finalement de signer les papiers de son divorce, il découvre qu’il est sur le point de renoncer à la garde de sa fille Ellen, âgée de 6 ans. Il réalise soudain qu’il n’est pas prêt à perdre cette part de lui-même. Espérant rattraper le temps perdu, il cherche à gagner son cœur.
Crise identitaire
D’origine Sud-Coréenne, installée aux Etats-Unis depuis l’âge de 12 ans, la réalisatrice So Yong Xim concoure pour le Grand prix de Deauville avec « For Ellen ». Paul Dano, qui sera honoré sur les planches pour son rôle dans l’émergence d’un « Nouvel Hollywood », campe un rocker en conflit avec son ex pour revoir leur petite fille Ellen. Très ancré dans le cinéma américain indépendant et du jeune cinéma d’Outre-Atlantique - que privilégie le Festival -, « For Ellen » a plus d’une corde à son arc.
Si l’on a pu voir un autre rocker en quête de lien familiale, avec Sean Penn, dans « This Must Be the Place » (2011) de Paolo Sorrentino, Joby (Paul Dano), bien qu’également éthéré, inspire bien plus de compassion. Les deux films ont en commun un voyage effectué en pleine crise identitaire, à la recherche de racines perdues, dont ils se sentent dépossédés. Paul Dano, malgré son jeune âge, porte les casquettes d’acteur, de producteur, et compose un personnage en rupture de ban qui cherche à se reconstruire, avec une sensibilité à fleur de peau.
Une mouche dans la tête
So Yong Xim, derrière la caméra, trouve le ton juste, en filmant avec lenteur (ce qui ne veut pas dire ennui) une Amérique des grands espaces et intimiste. Elle rythme son récit, filmé au plus près des corps, de plans larges, horizontaux, vastes, auxquels la neige omniprésente confère une tonalité mélancolique. La musique, très rock (proche d’un Led Zeppelin noisy), participe du personnage. Lors d’une scène en très gros plan, une mouche s’introduit dans le conduit auditif de Joby. Par la suite, un leitmotiv musical bourdonnant évoque cette mouche qui serait comme rentrée dans sa tête, métaphore du drame qu’il vit.
Situé dans le cadre d’une Amérique moyenne, hors des villes, visiblement en difficulté, « For Ellen » ne s’appesantit pas sur l’environnement social, mais le cerne avec sensibilité, sans lourdeur. So Yong Xim est plus dans le portrait psychologique de ce jeune adulte en quête d’une paternité qu’on lui refuse, et qui fait naître en lui une rage autodestructrice. Sans dévoiler la résolution très réussie du film, Joby va tourner une page de sa vie, au terme d’un parcours initiatique éreintant, thème américain majeur. Poignant.
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