[DEAUVILLE] « Les Bêtes du sud sauvage » : l’arche de Noé
Synopsis : La vie d'une petite fille est radicalement transformée quand son père est victime d'une étrange maladie, alors même que le monde subit un déclin brutal. La hausse des températures entraine une montée des eaux et libère des créatures préhistoriques. L'enfant décide alors de partir à la recherche de sa mère.
Fable écologique
Lauréat de la Caméra d'or à Cannes et Premier Prix du Festival du cinéma indépendant de Sundance, "Les Bêtes du sud sauvage" est en compétition à Deauville. De telles sélections et distinctions augurent du meilleur pour ce premier film de Benh Zeitlin qui pourait bien se retrouver une fois de plus au palmarès rendu samedi.
« Les bêtes du sud sauvage » s’apparente à une fable écologique qui recoupe le drame du cyclone Katrina qui s’est abattu sur la Nouvelle-Orléans en 2005. C’est d’ailleurs dans cette région que se déroule l’action, mais la catastrophe n’est jamais nommée.
Ancestralité
Un père célibataire et sa petite fille de 5 ans vivent une relation houleuse, après le départ de sa mère, dans un taudis fangeux du bayou. Le film de Benh Zeitlin met également en perspective toute la communauté alentour, très attachée à sa terre, refusant d’être évacuée à l’approche d’un ouragan qui va l’inonder et la dévaster, au péril de leur vie. Une forme de résistance s’instaure pour défendre un mode de vie ancestral, plutôt que perdre ses racines. Vivant en symbiose avec la nature, violents, habitant des bicoques insalubres qui évoquent des terriers, les « bêtes sauvages » du film, ce sont eux.
Cette ancestralité trouve écho dans la résurgence d’aurochs, animaux préhistorique puissants et dévastateurs, cannibales, également image de la machine administrative tueuse des particularismes. Arrivés au terme de leur course, ils se prosterneront devant l’enfant, garante des valeurs ancestrales, donc d’eux-mêmes. De ce point de vue, « Les Bêtes du sud sauvage » n’est pas sans rappeler « Princesse Mononoké » d’Hayao Miyazaki, dont le message écologique et le respect des traditions est la toile de fond de son œuvre.
Poème visuel et sans concession d’une grande originalité, « Les bêtes du sud sauvage » part avec un net avantage sur ses concurrents pour un Grand prix à Deauville, mais d'autres films magnifiques lui tiennent désormais la jambe.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.