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[DEAUVILLE] « God Bless America » passe l'Amérique au scalpel : saignant

De Bob Goldthwait (Etats-Unis), avec : Joel Murray, Tara Lynne Barr, Melinda Page Hamilton - 1H45 - Sortie : 10 octobre
Article rédigé par franceinfo - Jacky Bornet
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Joel Murray et Tara Lynne Barry dans "God Bless America" de Bob Goldthwait
 (Potemkin Films)

Synopsis : Seul, sans boulot, gravement malade, Frank sombre dans la spirale infernale d’une Amérique déshumanisée et cruelle. N’ayant plus rien à perdre, il prend son flingue et assassine les personnes les plus viles et stupides qui croisent son chemin. Bientôt rejoint par Roxy, lycéenne révoltée et complice des plus improbables, c’est le début d’une équipée sauvage, sanglante et grandguignolesque sur les routes de la bêtise made in USA.
 

Gun Crazy
Bob Goldthwait, qui en est à son troisième film, pour la première fois en compétition à Deauville avec « God Bless America », est l’équivalent chez nous d’un Guy Bedos, même si sa carrière est plus récente. Son film renoue avec la tradition des couples de tueurs en cavale au cinéma, inaugurée avec « Gun Crazy », poursuivi avec « Bonny and Clyde », « La Ballade sauvage » et « Tueurs nés ». Méchant et sympathique.

Poursuivant le fil rouge de la thématique sociale de cette 38e édition du Festival du cinéma américain de Deauville, « God Bless America » cadre un citoyen lambda en perte d’emploi, qui ne supporte plus son quotidien fomenté par le voisinage d’un couple bruyant, stupide et insupportable, d’émissions de télévision avilissantes, et de collègues de bureau contaminés par la presse people. Plutôt que se suicider, il va prendre les armes contre eux, aidé d’une ado aux même idées que lui. Jubilatoire !

Tara Lynne Barry dans "God Bless America" de Bob Goldthwait
 (Potemkin Films)
 

Alice Cooper en caution
Qu’un employé licencié, obèse et solitaire se trouve des points communs avec une adolescente en rupture de ban est en soit une idée scénaristique attirante. Qu’ils s’allient dans une « croisade » contre la bêtise générale par le crime, constitue une métaphore sulfureuse et emblématique de premier ordre. Déjà présente dans « Tueurs nés » en 1994 par Oliver Stone, cette thématique s’en trouve renforcée aujourd’hui, car sans doute plus patente.

Le film n’en arrive pas moins à un moment délicat, suite à la tuerie d’Aurora, lors de laquelle un déséquilibré a tué 12 personnes et en a blessé 80 autres lors de la projection en salle de « The Dark Knight Rising ». Une scène de « God Bless America » visualise une même tuerie dans un cinéma, puis plus tard sur un plateau de télévision. Le parallèle est prémonitoire et peut paraître choquant. Mais les contextes sont différents. Ces scènes n’appellent pas au meurtre, mais stigmatisent un état d’avilissement mental insupportable. C’est tout le propos du film, drôle, jusque dans sa violence et son graphisme gore, qui portent plus à rire qu’à être horrifiés. Pour finir, un film faisant l’apologie d’Alice Cooper pendant une minute ne peut pas être totalement mauvais. Dont acte.

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