« De rouille et d’os » : Audiard, Cotillard, Schoenaerts bouleversants
Synopsis : Dans le Nord, en France. Ali se retrouve avec son fils Sam, 5 ans, sur les bras. Il le connaît à peine. Sans domicile, sans argent et sans amis, Ali trouve refuge chez sa sœur à Antibes. Là-bas, tout va mieux. Elle les héberge dans le garage de son pavillon, elle s’occupe du petit et il fait beau. A la suite d’une bagarre dans une boîte de nuit, son destin croise celui de Stéphanie. Il la ramène chez elle et lui laisse son téléphone.
Il est pauvre ; elle est belle et pleine d’assurance. C’est une princesse. Tout les oppose. Stéphanie est dresseuse d’orques au Marineland. Il faudra que le spectacle tourne au drame pour qu’un coup de téléphone dans la nuit les réunisse à nouveau.
Quand Ali la retrouve, la princesse est tassée dans un fauteuil roulant : elle a perdu ses jambes et pas mal d’illusions. Il va l’aider simplement, sans compassion, sans pitié. Elle va revivre.
De Rouille et d'os : la bande annonce
Directeur d'acteurs
Il était attendu celui-là, de plus il sort en salle aujourd’hui même dans les salles, alors allez-y parce que vous ne serez pas déçus du voyage. En programmant « De rouille et d’os » en tout début de festival, la barre est placée très haut.
On ne peut préjuger de rien, mais il semble d’ores et déjà acquis que le film de Jacques Audiard récoltera quelque chose au finish. « Un prophète » avait remporté le Grand prix en 2009, « De rouille et d’os » est un boulevard pour la Palme et au moins un Prix d’interprétation.
En effet Marion Cotillard que l’on a vu récemment dans nombre de film hollywoodien (et bientôt dans le troisième « Batman » de Christopher Nolan), donnait l’impression de faire le minimum syndical. Alors qu’ici, elle transpire d’émotion avec une justesse qui touche au cœur, sinon aux tripes. Pas mieux pour Mathias Schoenaerts, au jeu physique impressionnant et plein de fragilité. On l’avait remarqué, Audiard dirige décidément formidablement bien ses acteurs.
Interwiew de Marion Cotillard et Mathias Schoenaerts dans le journal de 20 heures de France 2 le dimanche 14 mai :
Délicatesse et violence
Mais c’est à croire que cet homme là sait tout faire. Sa mise en scène est d’une fluidité redoutable, nous emmenant exactement là où il l’a prévu, sans esbroufe tout en délicatesse et violence, dans les sentiments et les actes quand ils doivent éclater. Dès le magnifique générique, on est pris ; et il ne nous lâche plus d’une seconde, jusqu’au dernier plan qui boucle justement cette introduction mystérieuse et onirique. Entre les deux, c’est comme un récit qui s’écrit tout seul, à un bémol prés, qu’à un moment on ressent le scénario adapté de plusieurs nouvelles, donc de récits hétérogènes difficiles à articuler. Mais c’est vraiment chipoter par rapport à la puissance de ce film unique.
Participative de la mise en scène, la musique, hétérogène elle aussi, est d’une grande justesse, plus signifiante que redondante des émotions, et tient un rôle à part entière. On est moins étonné à ce constat, que Jacques Audiard aimerais réaliser une comédie musicale, tant il s'avère mélomane. On ne cesse de vous le dire : cet homme sait tout faire. Surtout nous émouvoir. Cela s’appelle la grâce.
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