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"Chronique d'une liaison passagère", délicieuse et brillante fantaisie amoureuse d'Emmanuel Mouret

Sandrine Kiberlain et Vincent Macaigne excellent dans le dernier film d'Emmanuel Mouret, qui explore les possibilités d'une parfaite relation extraconjugale. "Chronique d'une liaison passagère" est en salles depuis le 14 septembre.

Article rédigé par Lorenzo Ciavarini Azzi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
L'affiche de "Chronique d'une liaison passagère" d'Emmanuel Mouret. (PYRAMIDE DISTRIBUTION)

Emmanuel Mouret est sûrement l'un des réalisateurs français les plus scrutés, surtout depuis le succès retentissant de Mademoiselle de Joncquières en 2018 et de Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait en 2020. Présenté au dernier Festival de Cannes (mais hors compétition) Chronique d'une liaison passagère a rencontré un accueil critique prometteur. 

Fragments de vie commune

Charlotte et Simon viennent d'entamer une liaison. Charlotte (Sandrine Kiberlain), est une mère célibataire. Encore jeune, belle, solaire, elle lui a exprimé son désir simplement, franchement. Simon (Vincent Macaigne), lui, est marié. Maladroit, compliqué, il a hésité avant de franchir le pas, mais a vite cédé. Désormais le courant passe à merveille, les deux seront les parfaits amants : entre eux, jurent-ils, ce ne sera rien que du plaisir, sans projection dans l'avenir, surtout sans complication. Évidemment, dès le titre l'on sait que la liaison sera passagère : la question, le suspense même, est tout entier dans l'évolution de la relation que l'on suit dans une chronique pas à pas, mois après mois.

Emmanuel Mouret n'a pas son pareil pour donner à voir ce temps qui passe, par des fragments de vie commune, qui font peu à peu évoluer les personnages. Ici une balade à la campagne, là une partie de badminton, là encore une scène au lit après l'amour… Et les musiques savamment choisies (de la Javanaise par Juliette Gréco à Haendel en passant par Mozart et… Ravi Shankar) viennent comme une scansion entre chaque période. Les gestes, les attitudes, les visages de Sandrine Kiberlain et Vincent Macaigne, excellents, trahissent un peu plus à chaque fois cette évolution. Les autres comédiens, Georgia Scalliet en tête, sont d'une troublante justesse.

Parler autant que faire l'amour

Tout le long, Mouret filme avec délicatesse l'entente, la tendresse, la sensualité de la relation extraconjugale. Mais aussi la parole. Charlotte et Simon avouent qu'ils aiment autant parler que faire l'amour. Et c'est vrai. On parle, on parle beaucoup dans ce film : des goûts de l'un et de l'autre, de la vie, de leur relation. De la "passion", un mot qu'elle abhorre, parce qu'on l'affiche beaucoup trop souvent comme une obligation, dit-elle. De la culpabilité, que Simon dit ne plus avoir par ce qu'il a réussi à scinder sa personne en deux : j'ai deux moi, dit-il en substance, et deux relations distinctes, une avec ma femme et une avec toi.

Chronique d'une liaison passagère est une délicieuse et brillante fantaisie amoureuse dans l'esprit 18e siècle – qui a fait le succès de Mademoiselle de Joncquières - qui flirte avec Truffaut - on pense à Claude Jade et Jean-Pierre Léaud dans Baisers volés - et surtout avec Rohmer, dans ses interminables dialogues sur la vie quotidienne. Un très bon cru cannois

Sandrine Kiberlain et Vincent Macaigne dans "Chroniques d'une liaison passagère" d'Emmanuel Mouret (PYRAMIDE DISTRIBUTION)

La fiche

Genre : Comédie dramatique, romance
Réalisateur : Emmanuel Mouret
Acteurs : Sandrine Kiberlain, Vincent Macaigne, Georgia Scalliet
Pays : France
Durée : 1h40
Sortie : 14 septembre 2022
Distributeur : Pyramide Distribution

Synopsis : Une mère célibataire et un homme marié deviennent amants. Engagés à ne se voir que pour le plaisir et à n’éprouver aucun sentiment amoureux, ils sont de plus en plus surpris par leur complicité…

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