"Bridget Jones Baby", une nouvelle suite aux forceps
Retour à la case départ pour la vieille fille la plus célèbre du cinéma. Quinze ans après le (très bon) premier épisode, le célibat a fini par rattraper Bridget Jones. La quarantaine bien entamée, elle se retrouve donc à nouveau seule plutôt que bien accompagnée. Normal, Bridget reste Bridget. Pourtant, il fallait bien proposer de nouvelles perspectives à ce personnage dont l'existence s'apparente au serpent qui se mord la queue. Estampillé sur l'emballage ("Bridget Jones Baby"), le thème de la maternité est donc la promesse narrative que cherche à exploiter ici Sharon Maguire, déjà aux commandes du "Journal de Bridget Jones".
Manège à trois oblige
"Je ne peux même pas être mère, alors une MILF!?" lâche Bridget à sa collègue et amie Jude (Shirley Henderson) au début du film. L'héroïne a parlé un peu vite. Quelques semaines plus tard, un test de grossesse la fera mentir. La question est : qui de Marc Darcy, son ex-mari, ou de Jack Qwant, quadra playboy rencontré le temps d'une nuit torride dans un festival, est le père de l'enfant? Dans un tout autre genre, "Olmo et la Mouette" venait récemment donner un sérieux coup de canif au mythe de la grossesse heureuse. Chez Bridget Jones, la maternité n'est finalement qu'un prétexte à la comédie qui, sans vraie surprise, s'organise comme dans les premiers films autour d'un triptyque amoureux... à ceci près que Hugh Grant est remplacé dans le rôle du beau gosse par Patrick Dempsey - inoubliable Dr Mamour de la série "Grey's Anatomy" –, les mèches poivre et sel en plus.Si la structure du film relève du déjà-vu, le propos n'apporte véritablement pas de souffle nouveau à l'univers Bridget Jones. Bien que tout soit fait pour maintenir le suspens jusqu'au bout quant à l'identité du père/mec avec qui Bridget partagera le "happy end", les situations et les blagues proposées sur deux heures (oui, il est un peu long) sont, par ailleurs, souvent attendues. Sans doute aussi le fruit d'un certain épuisement d'un genre, la comédie romantique, dont on nous a servi les mêmes ficelles scénaristiques pendant des années.
Meilleur que le deuxième, très loin du premier
On avait beaucoup ri devant le premier Bridget Jones, on se contente le plus souvent de sourire devant "Bridget Jones Baby" qui reste, malgré tout, un petit ton au dessus de la première suite ("Bridget Jones : L'âge de raison"), commise par Beeban Kidron. Autre difficulté, celle d'ancrer le personnage central, cette fille qui tient un journal intime et traîne en pyjama sur "All by my self", dans un monde qui n'a plus grand chose à voir avec celui du passage à l'an 2000. Et Bridget Jones au présent, ça donne toute une compilation d'éléments qui jalonnent la narration, des repères un peu artificiels censés résumer notre époque : une nounou gay, une "appli" pour rencontrer l'amour, le (rapide) thème des mères porteuses et de l'homoparentalité, des féministes aux seins nus ou encore l'invasion de la mode Hipster. Bref, le dispositif présenté est un peu trop "catalogue".Du côté des points positifs, on retiendra le plaisir de retrouver la voix off de Renée Zellweger - qui tient son rôle malgré une prise de distance physique avec le personnage originel, l'apparition du chanteur Ed Sheeran dans son propre rôle, la finesse de Colin Firth/Marc Darcy (le meilleur acteur du film), ainsi que le portrait par l'absurde des médias et de cette vertigineuse tendance à privilégier l'audience à l'information.
LA FICHE
Drame de Sharon Maguire (Royaume Uni / Irlande / France/ Etats-Unis) - Avec : Renée Zellweger, Patrick Dempsey, Colin Fith - Durée : 2h02 - Sortie: 5 octobre 2016
Synopsis : Après avoir rompu avec Mark Darcy, Bridget se retrouve de nouveau célibataire, 40 ans passés, plus concentrée sur sa carrière et ses amis que sur sa vie amoureuse. Pour une fois, tout est sous contrôle ! Jusqu’à ce que Bridget fasse la rencontre de Jack… Puis retrouve Darcy… Puis découvre qu’elle est enceinte… Mais de qui ???
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