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"300 : La naissance d'un Empire" : vénéneuse Eva Green dans une mer de sang

En 2006, "300" de Zack Snyder, d’après la bande dessinée de Frank Miller, avait marqué une petite révolution, avec son esthétisme novateur flamboyant, la polémique politique qu’il avait suscitée - le film étant qualifié de "fasciste" -, engrangeant 465 millions de dollars de recettes. Normal, donc, de voir ce deuxième opus, qui en annonce sans doute d’autres.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Eva Green dans "La naissance d'un Empire" de Noam Murro
 (Warner Bros. GmbH)

De  Noam Murro (Etats-Unis), avec : Sullivan Stapleton, Eva Green, Rodrigo Santoro, Jack O'Connell, Andrew Tiernan, Ashraf Barhom, Callan Mulvey - 1h42 - Sortie : 5 mars 2014

Synopsis : Le général grec Thémistocle tente de mobiliser toutes les forces de la Grèce pour mener une bataille qui changera à jamais le cours de la guerre. Il doit désormais affronter les redoutables Perses, emmenés par Xerxès, homme devenu dieu, et Artémise, à la tête de la marine perse…

Les bonnes personnes au bon endroit
Si le nom de Zack Snyder ("L’Armée des morts",  "Watchmen", "Sucker Punch", "Man of Steel"…) apparaît en grand dans la bande-annonce, il ne fait que produire, et a laissé la réalisation à Noam Muro, ponte de la publicité, et réalisateur d’un seul film, "Smart People". C’est sans doute pour sa maîtrise de l’image qu’il a été choisi, "300" relevant avant tout d’un défi esthétique et technique, la production étant entièrement réalisée en studio sur fond vert avec des couleurs détournées, et des scènes de combats très chorégraphiées.

C’est bien connu, "plus le méchant est réussi, plus le film l’est aussi". Cet adage d’Alfred Hitchcock s’applique à "300 : naissance d’un empire", Eva Green campant un commandant de la flotte perse d’une persuasion envoûtante et maléfique à toute épreuve.  Ce n’est pas la première fois que l’actrice française incarne un personnage négatif ("Dark Shadow", "Casino Royale"…). Il faut dire que ses traits osseux, ses yeux verts encadrés de cheveux noirs corbeau s’y prêtent à merveille. Sa prestation ne s’arrête pas à cette beauté ténébreuse (réminiscence de Barbara Steele), s'y ajoute une performance physique de premier ordre dans des scènes de combats et des duels spectaculaires.

"300 : La naissance d'un Empire" de  Noam Muro
 (Warner Bros. GmbH)

Cohérence esthétique
Zack Snyder a également signé le scénario de cette suite, Noam Muro collant par ailleurs aux arcanes esthétiques du premier film. C’est dire si cette séquelle lui est fidèle : disproportion des forces en présence, combat entre les tenants de la liberté grecque contre la dictature perse, préférence donnée à la "fantasy" par rapport à la vérité historique, violence des combats très sanglants mélangeant vitesse réelle, arrêt sur image et ralentis… Côté hémoglobine, Noam Muro est encore plus généreux que son prédécesseur, aspergeant littéralement le spectateur par l’effet de relief, des goutes de sang maculant l’objectif…

Reposant essentiellement sur les effets, "300 : la naissance d’un empire" ne manquera pas cependant, comme le premier film, de faire jaser sur son pseudo message politique en abîme, à propos de l’antagonisme entre idéologie occidentale et fanatisme islamiste. Ainsi Xercès, le roi perse, est identifié à un dieu, et le film met en scène des kamikazes, portant des bombonnes de pétrole pour se faire exploser au milieu de leurs ennemis… Les amateurs d’action et de fantastique resteront fascinés par le spectacle qui ne mollit pas une seconde, avec son pictoralisme aux couleurs anthracites et cuivrées, dans un déluge où la violence des hommes n’a d’égale que celle des éléments. Jouissif.

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