Sidse Babett Knudsen, de Borgen au Mediator
A 47 ans, Sidse Babett Knudsen incarne à merveille les femmes fortes et intelligentes. "Quand je découvre des rôles, je me dis que certains rendent le monde plus grand et d'autres le rendent plus petit. Je veux aller vers ceux qui le rendent plus grand", lance l'actrice à l'air mutin, à la fois vive et drôle. "J'aime être dans la peau de gens courageux, cela m'inspire", dit-elle. "En rencontrant Irène Frachon par exemple, je me suis rappelée que les citoyens peuvent agir".
Rendue célèbre par son interprétation de la Première ministre dans la série danoise "Borgen", qui a fait le tour du monde, Sidse Babett Knudsen dit avoir retrouvé en Irène Frachon, la pneumologue qui a révélé le scandale du Mediator, un personnage "avec qui cela vaut la peine de passer du temps". Quand la réalisatrice Emmanuelle Bercot lui a proposé le rôle, sur une idée de Catherine Deneuve, cette femme élégante aux yeux bleus n'y a d'abord pas cru. "Je me suis demandé à quoi ils pensaient, parce que je ne parle pas très bien français", dit-elle. "Mais ils ne voyaient pas vraiment de problème". Pour Emmanuelle Bercot, "la ressemblance entre Sidse et Irène réside dans l'énergie qu'elles sont capables toutes les deux de déployer, et leurs natures très clownesques".
Cette année, Sidse Babett Knudsen a aussi reçu le César de la meilleure actrice dans un second rôle pour "L'Hermine" de Christian Vincent, dans lequel elle campe une jurée de cour d'assises. Une "surprise" pour la Danoise, qui avait accueilli son prix par un inattendu "sacrebleu", et une revanche pour celle qui a commencé sur scène à Paris il y a presque trente ans, avant de revenir dans son pays sans le sou.
"Les conséquences de Borgen ont changé ma vie", reconnaît-elle
Née à Copenhague, d'un père photographe et d'une mère éducatrice, Sidse Babett Knudsen, qui a passé une partie de son enfance en Tanzanie, a décidé à 8 ans de devenir actrice. Son désir de faire du cinéma se matérialise dix ans plus tard lorsqu'elle arrive en France sur un coup de tête avec son vélo, comme jeune fille au pair. Entre petits boulots, elle y suit des cours au Théâtre de l'Ombre, aujourd'hui disparu, va au cinéma et fréquente assidûment Beaubourg où elle apprend le français en lisant une traduction de "La Métamorphose" de Kafka. Mais elle décide de revenir à Copenhague au bout de six ans, lassée de devoir "survivre"."Une de mes amies montait Peer Gynt d'Ibsen. (...) Ensuite j'ai enchaîné avec un autre boulot pour le même groupe de théâtre, et de la même façon que j'attendais à Paris, je me suis mise à attendre au Danemark", raconte-t-elle.Le cinéma la révèle avec la comédie d'improvisation "Let's Get Lost" (1997), qui lui vaut le Bodil de la meilleure actrice, l'équivalent danois des César. Elle joue ensuite dans "The One and Only" (1999), une comédie romantique de Susanne Bier, ou dans "After The Wedding" (2006) avec Mads Mikkelsen, avant que sa notoriété n'explose avec "Borgen" à partir de 2010. "Les conséquences de Borgen ont changé ma vie", reconnaît-elle. "Cela m'a ouvert beaucoup de portes".
Aujourd'hui, Sidse Babett Knudsen multiplie les projets internationaux, d'"Inferno" de Ron Howard, dans lequel elle est à la tête de l'Organisation mondiale de la santé, à la nouvelle série de la chaîne américaine HBO "Westworld", où elle campe la directrice des opérations calculatrice d'un parc d'attraction futuriste. "Ca a été merveilleux de travailler dans des endroits aussi différents", commente celle qui dit "espérer" continuer notamment dans le cinéma français. "Ce serait fantastique".
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