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Sexisme : la colère gronde à Hollywood

Salaires qui déclinent avec l'âge, actrices déclarées "trop vieilles" à 37 ans, discrimination contre les réalisatrices... Le sexisme ordinaire de Hollywood passe de moins en moins et certaines femmes haussent le ton.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Maggie Gyllenhaal, 37 ans, recalée à un rôle pour son âge.
 (Chris Pizzello/AP/SIPA)

Les actrices mises précocement hors-jeu

C'est la comédienne américaine Maggie Gyllenhaal, 37 ans, qui a lancé la dernière alerte en date, affirmant dans une interview à The Wrap qu'elle s'était récemment vu refuser un rôle parce qu'elle était "trop vieille" pour jouer la maîtresse d'un acteur de 55 ans.

Les "James Bond" sont une bonne illustration de ce phénomène où une héroïne romantique peut difficilement franchir la trentaine: récemment, Margot Robbie, 24 ans, séduisait Will Smith, 46 ans, dans "Diversion", et Johnny Depp, 51 ans, tombait amoureux d'Amber Heard, 26 printemps, dans "Rhum express".

Un rapport du Centre d'études sur les femmes à la télévision de l'Université de San Diego constatait par ailleurs récemment que sur les 100 films aux plus fortes recettes aux Etats-Unis l'an dernier, seuls 12% des premiers rôles étaient attribués à des femmes.


Inégalité de salaires

Sans compter que les salaires des actrices s'amenuisent avec le temps: une récente étude montre également que les émoluments des actrices chutent après 34 ans.

Lors de la cérémonie des Oscars fin février, Patricia Arquette avait ainsi défrayé la chronique en dénonçant l'inégalité des salaires entre hommes et femmes à Hollywood. Sous les applaudissements de Meryl Streep, 65 ans, l'une des actrices les plus respectées d'Hollywood, qui vient de lancer un laboratoire de femmes scénaristes de plus de 40 ans, The Writers' Lab.


Les réalisatrices discriminées

De l'autre côté de la caméra, les choses sont presque pires... La puissante organisation américaine des droits civiques ACLU a vilipendé il y a deux semaines les "disparités spectaculaires" entre le nombre de metteurs en scène masculins et féminins en demandant aux pouvoirs publics d'enquêter sur "cet échec systématique".
   
La sélection des Oscars cette année avait aussi fait polémique car aucune femme n'avait été sélectionnée pour le prix du meilleur réalisateur malgré la présence du très acclamé "Selma", d'Ava DuVernay, dans les finalistes pour le meilleur film.

Catherine Hardwicke, metteur en scène de la saga romantique à succès des "Twilight", racontait récemment dans le magazine The Frame qu'après le succès de ces films, elle s'attendait à "recevoir ces fameux contrats pour trois films d'un coup, ou un bureau dans un studio, ou une voiture comme ils donnent à tous ces réalisateurs. Au final, je n'ai rien reçu, à part un mini-cupcake".


Toute l'industrie est concernée

Pour Sarah de Gaudemar, qui travaille dans le studio de dessins animés en stop-motion Stoopid Buddy Stoodio, un domaine particulièrement masculin, toute l'industrie du divertissement est concernée. "Les hommes qui dirigent les studios ne se rendent pas compte qu'il y a un problème. Ils associent juste telle position hiérarchique à un homme. Quand une femme arrive dans l'équation, elle n'est pas traitée de la même façon", ajoute-t-elle.

Un avis partagé par la réalisatrice Becky Smith, qui enseigne à la UCLA School of Theatre film and television: "Ce n'est pas clairement formulé mais il y a une perception selon laquelle les hommes sont plus à même de gérer une grosse équipe et d'avoir une conversation technique. Ou que les femmes pleurent sur les plateaux. Ce qui est totalement faux".


Des femmes passent à l'action

En réaction, des réalisatrices ont monté une page Tumblr,Shit People Say To Women Directors (and Other women in Film),pour permettre aux femmes dans le cinéma de partager publiquement leurs témoignages sur le sexisme ordinaire du milieu. Ici c'est une dessinatrice de film d'animation à qui on demande de rendre le personnage âgé de 8 ans "plus sexy". Une autre qui s'entend dire qu'elle ne pourra pas se servir d'une caméra parce que sa poitrine la gênerait. Mais le témoignage le plus courant est celui d'une réalisatrice qu'un membre de la production cherche forcément parmi les hommes...

Des comédiennes prennent aussi les devants, comme l'oscarisée Reese Witherspoon, 39 ans, qui a fondé sa maison de production avec pour ambition de créer "des rôles forts" pour les femmes. Elle a déjà cofinancé "Gone Girl" et "Wild", tous deux salués par le public et la critique.

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