Sébastien Vaniček, réalisateur de "Vermines" : "J'ai voulu faire un divertissement qui fasse frissonner autant que rire"

Pour son premier long-métrage, en salles depuis le 27 décembre, le cinéaste de 34 ans imagine une invasion d'araignée meurtrières dans un immeuble de région parisienne, avec une analogie voulue entre ces insectes dont on veut se débarrasser et les habitants des quartiers populaires.
Article rédigé par Matteu Maestracci
Radio France
Publié
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Sébastien Vaniček, réalisateur du film "Vermines" (MATTEU MAESTRACCI/ FRANCEINFO/ RADIO FRANCE)

Quelques semaines après les sorties au cinéma des très réussis Le monde animal et Vincent doit mourir, voici un nouveau film français "de genre" (même si le terme est devenu un peu fourre-tout) qui devrait avoir son petit succès dans nos salles. Vermines raconte l'histoire de Kaleb, 30 ans, passionné d'insectes et autres animaux exotiques qu'il garde dans sa chambre, et qui un jour y rapporte une araignée particulièrement virulente, qui finira par s'échapper et déclencher une invasion de petites bestioles dans sa tour de région parisienne.

Un divertissement à la fois très cool et très maîtrisé, et une série B qui s'assume, avec effets spéciaux de qualité à la clé. Rencontre avec le réalisateur, Sébastien Vaniček.

franceinfo : Le point de départ du projet c'est d'évoquer cette peur des araignées, qui est quelque chose à la fois d'intemporel et qui parle à tout le monde ?

Sébastien Vaniček : C'était un petit challenge de réussir à financer un film où on s'attaque à une phobie qui fait que potentiellement huit pour cent des Français pourraient se dire 'ah non, moi je ne peux pas aller voir ce film'. Mais j'ai voulu faire un divertissement, un film fun, qui fasse frissonner mais aussi rire, et puisse nous emmener dans plusieurs endroits différents. Faire un film-événement, parce que moi je me déplaçais pour ça, des événements quand plus jeune j'allais au cinéma. Donc à ma petite échelle j'avais envie d'en faire un, ce genre de film qui te provoque en te disant que tu ne peux PAS le voir, il y a un effet "grand huit" ou tu te motives pour y aller avec des potes ou ta moitié.

Vous faites une analogie entre ces insectes qu'on ne veut pas voir, qu'on veut écraser, et les habitants des quartiers populaires ?

Exactement, et j'élargirais même la symbolique à la xénophobie en général. Et mon co-scénariste Florent Bernard lui vient de Bourgogne, il n'a rien à voir avec la banlieue, mais il a souffert aussi de devoir s'imposer dans un milieu branché du cinéma parisien, qui n'est pas le nôtre. Perso j'ai commencé à parler des banlieusards parce que c'est ce que je connais, et j'ai eu envie ensuite de le cracher sur papier, et c'est devenu ce film qui est un projet très universel, avec un propos caché derrière un divertissement. Et le titre du film d'ailleurs, Vermines, peut se lire à double sens.

Le décor quasiment unique de la barre HLM c'est du pain bénit pour un réalisateur, parce que c'est une unité de lieu un peu théâtrale qui permet de développer beaucoup d'idées visuelles ?

Oui sans oublier les contraintes budgétaires, et le huis-clos qui nous permet de fabriquer un film de 1h40 sans dépasser le financement prévu. 

"C'était ultra stimulant de savoir comment on allait présenter et filmer ces décors, les rendre de plus en plus menaçants et hostiles, au fur et à mesure que les araignées gagnent du terrain."

Sébastien Vaniček, réalisateur de "Vermines"

à franceinfo

Ca amène beaucoup de tension, c'est stimulant, et donc oui du pain bénit comme vous dites, complètement.

Vous mélangez de véritables araignées avec des effets spéciaux, l'obsession pour un réalisateur dans ces cas-là c'est d'une part que ça soit réaliste mais aussi que ça "tienne" bien dans le temps ?

Les vraies araignées ont mis la barre très haut si j'ose dire parce qu'on a pu faire des trucs super avec elles, en termes de cadrage ou de mouvements, et quand on est passé en 3D on a donc décidé de se baser sur les vrais mouvements et l'apparence des autres. Je me suis régalé par exemple à les filmer en silhouettes, sachant que c'est surtout une question de lumière, donc ça peut bien veillir, même si parfois quand elles sont en gros plan dans le faisceau d'une lampe-torche on a pas d'autres choix que de montrer des détails plus précis, et ces points spécifiques risquent d'être datés à terme. 

Vous tournez dans un endroit très étonnant de région parisienne, les Arènes de Picasso à Noisy-le-Grand, tout près des Espaces d'Abraxas, qui sont également baroques ?

Et qu'on a déjà vus dans Hunger Games et Brazil. Alors j'ai eu particulièrement de la chance, parce que j'ai moi-même grandi à Noisy, ces bâtiments sont ceux de mon enfance. J'ai encore plein de potes qui y vivent, et je connais bien. Et quand on est partis en repérage pour le film, je me suis dit 'mais pourquoi on ne commence pas directement par chez moi' et en plus, pour ne rien gâcher, il y a cette esthétique elle-même un peu arachnéeenne, de science-fiction, qui colle très bien avec l'atmosphère du film.

Vermines de Sébastien Vaniček, en salles le 27 décembre.

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