Sans-papiers exploités par un salon de coiffure : des cinéastes signent un clip
"On se met en avant, à leurs côtés, pour dire : ça suffit", a déclaré le réalisateur Romain Goupil lors de la présentation de ce film consacré aux "18 du 57, Boulevard de Strasbourg", qui sera diffusé dans une centaine de salles. "Ce n'est pas parce qu'ils sont sans-papiers qu'il faut oublier toutes les règles du droit."
"Je vais te faire rafler"Precious, Fatou, Daniel ou encore Ming y expliquent les conditions dans lesquelles ils ont travaillé pendant des mois dans l'un des 150 salons de beauté pour femmes noires du quartier Château d'Eau, entre les gares du Nord et de l'Est. "80 heures par semaine". "Pas de salaire." Un patron qui menace : "Je vais te faire rafler."
"Nous sommes les premiers à parler à visage découvert", disent-ils avec des accents africains ou chinois. Filmés au milieu des miroirs et des sèche-cheveux, ils ajoutent : "si l'État ne nous donne pas raison, ce sera une victoire pour les mafias qui nous exploitent."
Dans ce quartier, les employeurs sont peu regardants sur les règles du droit mais les autorités ont du mal à agir faute de témoignages des salariés, dont de nombreux sans-papiers.
Une grève lancée cet hiver
Cet hiver, pour la première fois, les salariés d'un salon se sont mis en grève avec le soutien de la CGT. Après des semaines d'occupation du site, huit ont obtenu des titres de séjour. Le conflit s'est alors déporté sur un second salon, où 18 salariés ont arraché des attestations de travail à leur employeur. Mais celui-ci a finalement déclaré la faillite et seuls trois d'entre eux ont été régularisés. Ils occupent toujours leur lieu de travail et le tribunal administratif de Paris doit se prononcer jeudi sur une possible expulsion.
"Quel message sera envoyé dans le quartier si ces salariés qui ont osé se rebeller étaient forcés de retourner dans l'illégalité", s'est interrogée l'actrice Josiane Balasko.
Une lettre ouverte au gouvernement restée sans réponse
Le collectif des cinéastes, qui avait adressé une lettre ouverte au gouvernement en septembre, a regretté de n'avoir reçu aucune réponse. "Il va falloir que le gouvernement choisisse son camp, a commenté la réalisatrice Katell Quillévéré : soit il reconnaît l'indignité de la situation de ces salariés, soit il envoie un message hallucinant de soutien aux patrons voyous."
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