Rétrospective et expo à Beaubourg, la réalisatrice japonaise Naomi Kawase à l'honneur en France à la rentrée
La cinéaste de 49 ans, habituée du Festival de Cannes, qui en fit en 1997 à 27 ans la plus jeune lauréate de la Caméra d'or - récompensant la meilleure première oeuvre -, sera plusieurs fois à l'honneur dans les mois à venir à l'occasion de "Japonismes 2018", saison culturelle japonaise de huit mois en France, organisée pour célébrer les 160 ans des relations diplomatiques entre les deux pays.
Une rétrospective à Beaubourg
Alors que "Voyage à Yoshino" - projeté jeudi dernier en avant-première à la Cinémathèque, en présence du ministre des Affaires étrangères japonais Taro Kono - sortira en France le 28 novembre, le Centre Pompidou consacrera du 23 novembre au 6 janvier une grande rétrospective à la réalisatrice des "Délices de Tokyo" et de "La forêt de Mogari", Grand Prix à Cannes en 2007.La cinéaste y présentera aussi une exposition avec ses premières installations, inspirées, comme la plupart de ses films, par sa région natale. "Je continue toujours à travailler au Japon, même si j'ai beaucoup de liens avec les pays étrangers", souligne dans un entretien à l'AFP Naomi Kawase, première Japonaise membre du jury à Cannes en 2013.
"Beaucoup d'artistes créent des oeuvres à partir de la richesse de leur pays natal. J'en fais aussi partie", ajoute celle qui est née et a grandi à Nara, dans l'ouest du Japon, riche en trésors historiques et culturels. "Il y a des trésors", dit-elle. "Je veux présenter, diffuser la culture propre à mon pays natal, sans passer par le filtre des regards des Tokyoïtes".
"Voyage à Yoshino" : le "côté très mystique et mystérieux de la forêt"
"Nara est une ville qui n'a pas de mer, et donc c'est la forêt qui est l'élément le plus important dans la nature. Elle est considérée comme une sorte de divinité", explique la cinéaste, qui dit avec "Voyage à Yoshino" avoir voulu "montrer le côté très mystique et mystérieux de la forêt". Coproduction franco-japonaise, "Voyage à Yoshino" (initialement intitulé "Vision") raconte l'histoire de Jeanne (Juliette Binoche), une Française venue au Japon à la recherche d'une plante médicinale rare dans la forêt près de Nara.Elle va y faire la connaissance de Tomo (Masatoshi Nagase), un garde forestier, qui l'accompagne et la guide sur les traces de son passé. La communion avec la nature, l'un des thèmes principaux de son oeuvre, se retrouve dans ce film poétique, à la narration fragmentée, qui ne livre pas forcément toutes ses clés. "Si j'ai fait un tel film aujourd'hui, c'est parce que j'avais une sorte de peur de la tendance actuelle" à "avoir des informations très vite", ce qui est "contraire aux arts traditionnels japonais, comme le théâtre No ou l'Ikebana, l'art floral, qui nécessitent du temps", explique-t-elle.
"Je voulais montrer qu'il existe quelque chose qu'on n'arrive pas à comprendre", poursuit la cinéaste, qui dit aussi avoir "ressenti une sorte de lien" avec Juliette Binoche, qu'elle a rencontrée l'an dernier à Cannes, et estime avoir fait un film "qui lui ressemble". Naomi Kawase, qui a été élevée par une grand-tante et un grand-oncle, souligne également "tenir à raconter des histoires de famille" à travers ses films, même s'il n'y a pas toujours "de liens de sang".
"On peut dire que ce qui me pousse à faire des films, c'est évidemment ma propre vie, mais aussi toutes mes expériences et tous les environnements que j'ai connus", poursuit celle qui définit son cinéma comme la "conversion en images" de "visions", qui "naissent de l'interaction de ses +souvenirs+, des paysages qu'elle observe et des faits et réalités qu'elle rencontre". "J'ai évidemment ma propre vie bien réelle, mais le cinéma est une autre vie que j'ai aussi", ajoute-t-elle.
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