Reprises en 3D relief : c’est gonflé !
James Cameron, pape de la 3D
Si des films sont sortis en relief avant « Avatar », c’est la méga production de science-fiction de James Cameron, sortie en 2009, qui a véritablement lancé le phénomène. En raison de ses qualités esthétiques et techniques et de son succès commercial. Les productions se sont soudainement emballées et des films tournés en 2D se sont vus précipitamment transférés en relief pour exploiter le filon, comme "Le Choc des Titans" (2010) de Louis Leterrier.
Même si James Cameron, qui a déclaré qu’il ne tournerait plus qu’en relief, a transféré « Titanic » en 3D, il reconnait dans Le Monde du 7 avril que « Le meilleur moyen de réaliser un film en 3D est de le faire directement, sans passer par un transfert. Vous n’obtiendrez jamais le film que vous voulez par une simple conversion ».
James Cameron, qui s’est révélé le principal promoteur du cinéma en relief, souligne que le transfert de « Titanic » a été réalisé sous sa gouverne pour un coût de 18 millions de dollars et a monopolisé 300 personnes durant un an.
Le syndrome « Choc des Titans »
Le réalisateur Louis Letterrier garde un souvenir cuisant du transfert en relief de son péplum mythologique « Le Choc des Titans ». « J’ai découvert le film en 3D le jour de l’avant-première à Los Angeles. Et je n’ai même pas tout vu parce que je suis sorti de la salle au milieu. Je voyais les gens retirer leurs lunettes, se frotter les yeux… », raconte-t-il.
Le problème s’est renouvelé avec « John Carter » (2012), son réalisateur Andrew Stanton allant jusqu’à inciter les spectateurs à aller voir son film en 2D, sur son compte Twitter. Le système a donc bien ses limites et au-delà du seul jugement esthétique peut aller à l’encontre du succès commercial du film. Jocelyn Bouyssy, présidente du circuit de distribution CGR estime ainsi que « les films mal convertis ont fait beaucoup de mal à la réputation de la 3D ».
Comparée à la conversion de « Titanic », celle du « Choc des Titans » a été décidée trois mois avant la sortie du film. Louis Letterrier l’a acceptée quand Warner Bros. a mis 3000 personnes travaillant 24 heures sur 24 sur le film. Le résultat n’en n’est pas moins décevant.
La chaîne professionnelle
L’appréciation du relief varie selon les acteurs de toute la chaîne, des producteurs aux spectateurs en passant par les distributeurs. Les producteurs y voient un surcoût pour la réalisation ou le gonflage du film. Mais tous s’accordent à constater que ces augmentations de budget ne sont pas si élevées que cela avec l’évolution de technologies de moins en moins onéreuses et plus souple à l’utilisation. Ainsi sommes-nous à la troisième génération de caméras 3D depuis « Avatar », donc trois ans après. Progrès qu’apprécient les cinéastes qui redoutent la lourdeur d’un tournage en relief.
Mais pour les studios le relief est avant tout une réponse au piratage, un film en 3D étant impossible à capturer en salle, principale source des hackers. Ils y voient également une valorisation du spectacle en salles, donc la sauvegarde de leur parc, les grands studios ayant ou étant liés à des réseaux de distribution. Le transfert de la 2D à la 3D permet enfin de faire revivre et rentabiliser encore des titres de leur catalogue. Ainsi la reprise en relief du « Roi lion » a rapporté 94 millions de dollars aux Etats-Unis et celle de « La Belle et la bête » , 47 millions. Pas étonnant que Universal prépare celle de « Jurassic Park » en 3D pour l’été 2013.
Les distributeurs voient avec les films en relief l’occasion d’augmenter le prix des places. Une enquête d’Allociné et de l’Union professionnelle de la 3D relief datant de 2011 révèle que 80% des spectateurs interrogés estiment le surcoût injustifié. UGC et CGR tendent à réduire la marge, mais MK2 pratique toujours une hausse de 3 euros pour une projection en relief.
Tous différents face au relief
Si la surfacturation du billet est le principal grief énoncé par les spectateurs, c’est qu’ils ne trouvent pas leur compte dans le rapport qualité-prix. Et c’est plus souvent le fait des films gonflés que ceux directement réalisé en relief. Comme Jocelyn Bouyssy pointait les premiers comme préjudiciables à la 3D, elle ajoute : « Majorer le prix du billet peut mettre en péril la 3D ».
Mais l’appréciation du relief à l’écran n’est pas que pécuniaire. Une des premières critiques est une baisse de luminosité des films due au port des lunettes. Mais lors d’échanges entre spectateurs, les appréciations ne sont pas les mêmes. Tout comme celle de l’effet relief. Critiqué par Culturebox pour la platitude de sa version 3D, « Star Wars 1 : la menace fantôme » était louée par Télérama. Tout comme « John Carter » pour lequel nous étions enthousiastes pour son relief gonflé, et que son réalisateur lui-même rejetait.
Tout comme "Alice au pays des merveilles" de Tim Burton, gonflé après un tournage en 2D, en accord avec Tim Burton, qui nous a semblé des plus plats et considéré par les professionnels comme le transfert en 3D le plus réussi. Bizarre. Ces différences d’appréciations vaudraient vraiment le coup d’être étudier de plus près, peut être même par les ophtalmologistes, au premier chef. A suivre...
Une liste de films gonflés en reliefs
Films déjà sortis :
L’Etrange Noël de Monsieur Jack (Henry Selick)
Le Choc des Titans (Louis Letterrier)
Le Dernier maître de l’air (M. Night Shyamalan)
Alice au pays des merveilles (Tim Burton)
Star Wars épisode 1 : la menace fantôme (George Lucas)
John Carter (Andrew Stanton)
Ghost Rider : l'esprit de vengeance (Mark Neveldine et Brian Taylor)
La Colère des Titans (Jonathan Liebesman)
Titanic (James Cameron)
Le Roi lion (Roger Allers, Rob Minkoff)
Films en attente :
La Belle et la bête (Gary Trousdale, Kirk Wise)
Avengers (Joss Whedon) sortie : 25 avril
Men in Black III (Barry Sonnenfeld) sortie : 23 mai 2012
Frankenweenie (Tim Burton) sortie : 31 octobre
Gravity (Alfonso Cuaron) Sortie : 28 novembre 2012
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