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"Possessions" ravive les plaies de l'affaire Flactif

Neuf ans après l'assassinat de la famille Flactif au Grand-Bornand en Haute-Savoie, "Possessions", sorti en salles le 7 mars 2012, s'inspire de ce fait divers atroce qui reste dans toutes les mémoires. Si la fiction d'Eric Guirado contient une part d'imagination, son récit fait réagir ceux qui ont été touchés par l'affaire. Les proches des victimes regrettent que le film ait été réalisé sans leur accord.
Article rédigé par franceinfo - Stéphanie Lafourcatère
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Jérémie Rénier dans le personnage inspiré de David Hotyat.
 (Possessions / Eric Guirado)

A Beuvry, dans le Pas-de-Calais, la sortie de "Possessions" d'Eric Guirado est un choc pour les proches de la famille Flactif. La mère et la soeur de Graziella Ortolano, la compagne de Xavier Flactif, sont confrontées une nouvelle fois, au drame de leur vie. Cette version sur grand écran les replonge dans la douleur : Sandra Ortolano dit avoir été frappée par la froideur du personnage incarné par Jérémie Rénier, David Hotyat, condamné en 2006 à la réclusion criminelle à perpétuité pour le quintuple meurtre tandis que sa mère ne sait pas si elle aura la force de voir le film. Loin d'être une source d'apaisement, les deux femmes regrettent de ne pas avoir été consultées par le réalisateur.

Du côté de l'équipe du film, on reconnaît n'avoir eu aucun contact avec les proches et leurs avocats. On se défend de vouloir éveiller des souvenirs douloureux et de s'abandonner au sensationnalisme. Le générique précise d'ailleurs que l'oeuvre contient une part d'imagination.

Si la trame reste celle de l'affaire Flactif, quelques détails changent : les Flactif deviennent les Castang et n'ont plus que deux enfants tandis que David Hotyat se nomme Bruno Caron et sa femme, Marilyne. Les lieux aussi sont différents. Le réalisateur Eric Guirado n'ayant pas eu l'autorisation de tourner au Grand-Bornand, il a du poser ses caméras dans la station de Méribel en Savoie.

Le cinéaste dit s'en être accomodé car son objectif, explique-t-il, n'était "pas de recréer ce fait divers atroce", mais de montrer cet "engrenage de jalousie et de convoitise" qui mènera à l'irréparable. D'après lui, "l'affaire Flactif offre des possibilités pour évoquer frontalement notre époque."

Donner un point de vue sur notre société, c'est le pari de nombreux long-métrages récents tirés de faits réels. On peut citer "Omar m’a tuer", de Roschdy Zem, "Présumé Coupable", de Vincent Garenq ou encore "38 témoins" de Lucas Belvaux (sur les écrans le 14 mars). Le 4 avril, "A moi seule" de Frédéric Videau reviendra sur l'affaire Natascha Kampusch.

 

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