"Les saisons" : la vie sauvage de nos forêts menacées dans le dernier film de Jacques Perrin
En salle mercredi, le film est le troisième du genre signé par les deux hommes, après "Océans" (2010), somptueuse plongée au coeur de l'élément marin, et une ode aux oiseaux, "Le peuple migrateur"(2001). "Les Saisons" est un beau voyage de 20.000 ans, de la fin de l'âge glaciaire à nos jours, au coeur du monde sauvage de la forêt européenne. Aujourd'hui, "c'est un endroit menacé", explique Jacques Perrin.
Reportage : D.Deschamps, O.Gardette, G.Bensoussan, G.Liaboeuf
"Il faut le défendre et le faire savoir", ajoute le septuagénaire à la chevelure blanche. Le film adopte un point du vue inédit : celui des animaux. "Qu'est-ce qu'ils ont vu, de quoi ont-ils été témoins, qu'est-ce qui leur est arrivé?", explique Jacques Cluzaud. "Parce que cette histoire, ils l'ont vécue comme nous". Le spectateur voyage au fil des siècles à travers le regard des animaux, porté par leurs mouvements. Il a peur avec les rongeurs que le lynx poursuit, se détend sous les caresses de la biche, s'épuise avec le sanglier pourchassé par les loups.
"C'est un hommage à l'entêtement et à la volonté de vivre des animaux"
Chevaux, loups, sangliers, lynx, les images de courses d'animaux, à la fois légères et puissantes, sont extraordinaires. Une prouesse technique. "C'est pour capter leur volonté de vivre phénoménale", explique Jacques Perrin. "C'est un hommage à l'entêtement et à la volonté de vivre des animaux".
"C'est une leçon de vie, une philosophie", poursuit l'infatigable homme de cinéma. Trente-trois millions d'euros de budget, deux ans de préparation, autant de tournage entre la France et la Norvège, en passant par la Pologne ou la Suisse : l'équipe a parcouru huit pays pour nous montrer ce que l'on croyait connaître.Le film est rythmé par le souffle court des loups en pleine chasse, la respiration retenue des renards aux aguets, le silence du serpent qui s'approche d'un mulot. Les chants des oiseaux, les choeurs des loups et les brames des cerfs donnent le frisson. La narration se fait rare.
"Le commentaire, c'est la nature, l'environnement qui l'apporte", souligne Jacques Perrin de sa voix grave. "On est englouti par la nature". Mais un coup de hache sonne le glas de ce spectacle parfait. Les chasseurs-cueilleurs sont remplacés par des éleveurs, puis des cultivateurs.
"Pour travailler au bénéfice de la nature, il faut faire une chose: ne rien faire !"
La forêt recule sous la main de l'homme. Les chants d'oiseaux s'arrêtent. C'est la fin de l'âge d'or de la forêt et après un si beau voyage dans la peau des animaux, le progrès apparaît comme une injustice. Il s'agissait de montrer "la progression de ce territoire dans le temps, dans l'histoire", explique Jacques Perrin. De la "magnificence" jusqu'à la "désolation".Mais "faut-il en rester là" ?. "Il y a une résilience extraordinaire de la nature", assure, confiant, l'ancien jeune premier du cinéma. "Pour travailler au bénéfice de la nature, il faut faire une chose: ne rien faire !", s'enthousiasme-t-il. "Il faut laisser la nature tranquille et tout repart !".
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