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"Después de Lucía" réalisme troublant, violence contenue et fin monumentale

"Después de Lucía", long-métrage du jeune réalisateur mexicain Michel Franco, est sorti hier dans les salles françaises. Ce film, qui frappe par son réalisme et sa cruauté maîtrisée, a obtenu au dernier festival de Cannes le prix du jury "Un certain regard".
Article rédigé par franceinfo - Lucas Ottin
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Une scène de "Después de Lucía"
 (Michel Franco)

Pour adhérer au sujet complexe du harcèlement chez les jeunes, Michel Franco a donc choisi comme acteurs des adolescents totalement amateurs, tous faisant partie de la même bande de potes, et les a laissé s'approprier le scénario. Il avoue avoir quelquefois regretté que telle ou telle scène ne soit pas plus longue ou plus intense, mais se refusait à trop intellectualiser la direction de ses comédiens pour aboutir à un réalisme tranchant. Ce savoir-faire avait d'ailleurs déjà attiré l'attention du festival de Cannes lors de la Quinzaine des Réalisateurs l'an passé, où Michel Franco avait présenté son précédent long-métrage, "Daniel y Ana".

 

Harcèlement et nouvelles technologies

Le harcèlement juvénile débute bien souvent dans le milieu scolaire. Une différence physique ou sociale, une incapacité à se défendre, le bouc-émissaire est vite trouvé et l'adolescent est un être prompt à décharger sur l'autre la violence des sentiments qu'il ressent. Ces harcèlements peuvent prendre un caractère physique, mais aussi moral (moqueries, fausses rumeurs, insultes...), qui s'est développé récemment grâce aux nouvelles technologies. On a alors affaire à du Cyberbullying, facilité par les réseaux sociaux, les portables-appareils-photos-caméras et la tendance actuelle à étaler sa vie privée sur Internet.

Un film puissant de simplicité

D’une construction irréprochable, Después de Lucía  s’ouvre et se ferme sur deux superbes plans séquences, dont un homme, gros papa attachant, est la figure centrale. Il vient de perdre sa femme, et lui et sa fille se soutiennent mutuellement dans cette épreuve. Mais l’homme a du mal à reprendre une vie normale, et sa fille va elle-même rencontrer au lycée ceux qui deviendront son pire cauchemar…

Au passage, Michel Franco montre ici toute l’étendue de son talent, modèle de simplicité, de violence contenue et d’originalité dans la façon de tourner.

La puissance émotionnelle qu’apportent les acteurs amateurs est ici évidente. Ils font presque oublier que ce film est une fiction.
Plans très fixes : l’ennui, l’inaction, l’incompréhension et la fatigue dévorent ce couple père-fille. Et le monde extérieur, son Mexico insoutenable, son soleil, sa piscine et ses plages en deviennent répulsifs. Cet environnement estival, presque paradisiaque, évoque plutôt l’horreur, lorsqu’il est confronté à la tristesse des deux personnages.

Et Alejandra ! On en tombe amoureux ! Ou plutôt non, elle est répugnante… On s’y perd, tant son absence de réactivité est frustrante. On la voudrait harpie, griffant, mordant, hurlant. Mais elle ne fait qu’attendre que cela se finisse.
Et cela se finit.
Une longue scène maritime, pour une fin romanesque, et ultime.

Bande-Annonce :

"Después de Lucía", de Michel Franco

Avec Tessa Ia, Hernán Mendoza, Gonzalo Vega Sisto...

1h 43min

 

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