"A en perdre la raison", quand le cinéma décrypte l'infanticide
Pour son quatrième long-métrage, Joachim Lafosse, 37 ans, n’a pas choisi la facilité. En 2007, l’affaire Geneviève Lhermitte avait profondément secoué la Belgique. Un matin de février, le pays a découvert le geste cette mère de famille irréprochable, qui avait tué dans des conditions particulièrment atroces ses cinq enfants, dont le plus jeune était âgé de 4 ans. A cette époque, le réalisateur allait être papa. En découvrant le fait divers, il avait été choqué et bouleversé au point de vouloir faire un film, « pour faire partager une émotion et en même temps donner du sens à un trauma pareil. Tenter de comprendre ». Il a fallu trois ans pour écrire un scénario qui utilise l’histoire de Geneviève Lhermitte comme point de départ. Pas plus. Les scénaristes n’ont pas cherché à rencontrer Geneviève (condamner à la prison à perpétuité), ni sa famille, ni même à connaître les lieux où les protagonistes de l’histoire avaient vécu (le mari de Genevève Lhermitte l'a d'ailleurs vendu, craignant qu'elle ne serve de décor au film). Ils ont imaginé leurs propres personnages. « L’important n’est pas de savoir ce qui va se passer » rappelle Joachim Lafosse « mais pourquoi un tel drame a pu arriver ».
A noter que pour ce film, Joachim Lafosse a réuni Tahar Rahim et Niels Arestrup, qui avaient déjà marqué les esprits dans «Un Prophète » de Jacques Audiard. Quant à Emilie Dequenne, qui avait été révélée en 1999 par les frères Dardenne (encore des Belges !) dans "Rosetta", elle a été récompensée à Cannes du prix d'interprétation féminine Un certain regard pour son rôle dans « A en perdre la raison ».
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