Pierre Lescure : avec la télé connectée, c'est le piratage assuré

"On ne peut pas tout consommer gratuit"
"En 2013, c'est demain, il y aura la télé connectée. Avec la télé connectée, le piratage sera inarrêtable. Dès lors que vous avez votre écran plat, en quatre clics, vous vous pointez sur un site de téléchargement gratuit", a expliqué l'ancien PDG de Canal+ et directeur du Théâtre Marigny.

"Hadopi a des vertus de principe. On ne peut pas partir à vau-l'eau et tout consommer gratuit", a-t-il poursuivi sur RMC (écoutez le Podcast avec Lescure), et en même temps "il y a internet, et c'est aussi fort que Guttenberg et l'invention de l'imprimerie".

Il a jugé néanmoins que jusqu'à présent la Haute autorité chargée de la lutte contre le téléchargement illégal n'avait fait "que mettre le focus sur la sanction". Pour lui, les producteurs de contenus devront faire des efforts pour améliorer l'offre légale, notamment la VOD, qui pourrait être "dix fois mieux".

Des rencontres, y compris avec les usagers, pour trouver "un consensus fort"
"Les mômes veulent l'instantanéité, l'universalité et on leur a mis dans la tête que ca devait être gratuit. Il faut faire un débat, que tout le monde discute" pour "trouver un consensus fort sur deux ou trois choses", a ajouté Pierre Lescure, confiant qu'il avait lui-même "déjà téléchargé gratuitement".

Annonçant une série de rencontres avec les "gens du net", Pierre Lescure a indiqué qu'il allait discuter avec "les industriels, les détenteurs de droits et, pour la première fois, avec l'usager". "La commission commence la semaine prochaine. Je suis prêt à un débat même violent, vachement contradictoire, et j'en prendrai sûrement derrière la tête", a-t-il prévenu.

Ses propositions sont attendues en mars 2013. Certains, comme le site Numerama, craignent qu'il ne se rapproche de la position du CSA, qui préconise un filtrage du net au nom de la régulation des contenus accessibles sur les téléviseurs.

Aurélie Filippetti compte réduire le bugget de Hadopi
Cette déclaration intervient quelques semaines après la prise de position d'Aurélie Filippetti, la ministre de la Culture et de la Communication, qui a annoncé une réduction du budget d'Hadopi et a renouvelé ses critiques sur le fonctionnement de l'institution.

"Je préfère réduire le financement de choses dont l'utilité n'est pas avérée. J'annoncerai en septembre le détail de ces décisions budgétaires", avait déclaré la ministre le 2 août, dans une entretien au Nouvel Observateur sans attendre les conclusions de la mission Lescure.