Oscars 2022 : Hollywood crée la surprise en couronnant un film "qui fait du bien", "CODA", remake de "La Famille Bélier"

Il est rare qu'un film produit par un Français remporte l'Oscar du Meilleur film. C'est chose faite avec CODA, remake américain de La Famille Bélier, produit par Philippe Rousselet. L'énorme succès du box office Français a remporté dimanche soir à Hollywood, trois Oscars. L’Académie a ainsi récompensé un film positif aux valeurs humanistes, en faveur de l’intégration des personnes handicapées, ici touchées de surdité. The Power of the Dog de Jane Campion, n’a remporté qu’une de ses douze nominations, mais de premier ordre, celle de la Meilleure réalisation.

Will Smith a remporté l’Oscar du meilleur acteur pour La Méthode Williams et Jessica Chastain l'a emporté pour Dans les yeux de Tammy Faye.

La victoire de "CODA" est aussi celle d'Apple TV+

Le film CODA et ses acteurs sourds ont triomphé aux Oscars, applaudis en langue des signes par les invités de la soirée. Le film de Siân Heder a également remporté la statuette du Meilleur acteur dans un second rôle, revenu à Troy Kotsur, et celle du Meilleur scénario adapté. Produit par le Français Philippe Rousselet, CODA est aussi la victoire d'Apple TV+, qui devient la première plateforme de streaming à l'emporter aux Oscars dans la catégorie phare du meilleur long-métrage. C'est ainsi le premier film remportant l'Oscar majeur, sans être distribué en salle. 

Petit film indépendant (15 millions de dollars de budget) qui faisait figure de Petit Poucet au début de la saison des prix, CODA n’a cessé de voir sa cote monter depuis sa présentation au festival de Sundance en janvier 2021. Le film suit une lycéenne déchirée entre la passion qu'elle se découvre pour la chanson et sa famille sourde, qui dépend d'elle pour communiquer avec le monde des entendants. "Je ne pense pas que ce soit un miracle. Le film mérite d'être là où il est dans cette période dans laquelle on vit. C'est un film important, un film qui fait du bien, qui touche les gens et les rassemble avec ses valeurs humaines", avait déclaré à l'AFP le producteur de CODA,  Philippe Rousselet, n'osant encore envisager une victoire.

Jane Campion, meilleure réalisatrice pour "The Power of the Dog"

De son côté, The Power of the Dog, un film Netflix, a failli repartir la queue entre les jambes malgré une douzaine de nominations. Western intimiste, sombre et psychologique sur des hommes n'assumant pas leur sexualité ni leurs sentiments, il avait pourtant longtemps fait figure de favori. Sa réalisatrice Jane Campion a toutefois été distinguée par l'Académie des Oscars, devenant la troisième femme à être récompensée dans cette catégorie, un an seulement après Chloé Zhao.

La victoire de CODA et de The Power of the Dog consacre le triomphe des plateformes de streaming comme productrices de films qui se distinguent par rapport aux grands studios d’Hollywood. Si les réalisateurs et réalisatrices y trouvent leur compte par la liberté qu’elles leur offrent, il est regrettable de ne pouvoir voir ces films que sur le petit écran, alors qu’ils ont été tournés pour le grand, dans des formats qui ne correspondent pas à celui des téléviseurs, si grands soient-ils.

"Dune" reçoit six Oscars

L’adaptation du célèbre roman de Frank Herbert Dune a reçu les Oscars techniques du son, des effets spéciaux, de la photographie, du montage et des décors, ainsi que celui de la meilleur musique originale, décerné à Hans Zimmer. Toujours côté bande originale, c'est la jeune Billie Eilish qui a gagné l'Oscar de la meilleure chanson pour No Time To Die, titre du dernier James Bond.

La complexité et la réussite de l’adaptation de Dune aurait mérité l’Oscar du Meilleur scénario adapté, décerné à CODA. Peut-être que le film, qui se termine en pleine action dans l’attente de sa suite actuellement en tournage, a joué en sa défaveur. Belfast, évocation en noir et blanc de l'enfance de Kenneth Branagh, a quant à lui reçu l’Oscar du meilleur scénario original.

Le film reconstitue les violences nord-irlandaises de la fin des années 1960, vues par un enfant. Branagh filme en noir et blanc une autobiographie touchante et pleine d’atmosphère qui tranche avec les films précédents du réalisateur britannique.

Will Smith meilleur acteur, et Jessica Chastain meilleure actrice

C'est le toujours très populaire Will Smith qui a emporté l'Oscar du meilleur acteur pour La Méthode Williams, où il interprète le père des championnes de tennis Serena et Venus Williams. "Je veux m'excuser auprès de l'Académie" des Oscars, a lancé en pleurs l'acteur, en venant recevoir son prix. Un peu plus tôt, il avait provoqué un moment de stupeur dans la salle après être monté sur scène, apparemment furieux, pour gifler l'humoriste Chris Rock qui venait de faire une blague sur le crâne rasé de son épouse. Jada Pinkett Smith, est atteinte d'alopécie, une chute importante des cheveux.

Côté actrices, Jessica Chastain l'a emporté pour Dans les yeux de Tammy Faye et son rôle de télévangéliste au grand cœur et au maquillage outrancier, après deux nominations infructueuses pour La Couleur des sentiments et Zero Dark Thirty.

Le continent latino distingué

Souvent critiqués pour leur manque de diversité, les Oscars ont aussi récompensé cette année Ariana DeBose, une actrice qui se définit comme "afro-latina" et queer, pour son rôle d'Anita dans du beau remake de West Side Story par Steven Spielberg. L'actrice de 31 ans succède à la légendaire Rita Moreno, originaire comme elle de Porto Rico, qui avait déjà reçu en 1962 un Oscar pour le rôle d'Anita dans la version originale du film. "Je vous suis si reconnaissante, votre Anita a ouvert la voie à des milliers d'Anita comme moi", a-t-elle lancé à la star de 90 ans qui l'applaudissait dans la salle.

Par ailleurs, Disney, numéro un mondial du divertissement, a ajouté un Oscar de plus à sa collection avec la victoire d'Encanto, la fantastique famille Madrigal, une célébration de la Colombie, de sa culture et de ses traditions qui a remporté le prix du meilleur film d'animation.