"Belfast" : Kenneth Branagh évoque son enfance irlandaise en pleine guerre civile
Après "Mort sur le Nil" sorti il y a quinze jours, Kenneth Branagh revient avec un film plus personnel sur ses souvenirs d’enfance au cours de l'été 1969. Un récit nommé sept fois aux Oscars, notamment dans les catégories meilleur film et meilleur réalisateur.
Eclectique dans ses choix, Kenneth Branagh a filmé tous les genres après Henry V, son premier film. Dans Belfast sur les écrans mercredi 2 mars, il revisite l'année de ses 9 ans dans une ville qui s’enflamme entre protestants et catholiques. Des année de braises évoquées avec lyrisme, en noir et blanc, avec un jeune acteur épatant (Jude Hill). Le film est nommé sept fois aux Oscars, notamment dans les catégories meilleur film et meilleur réalisateur.
Hope and glory
Buddy s’éclate avec ses copains du voisinage. Tout le monde s’entend bien, c’est les vacances cet été 1969 à Belfast, en Irlande du Nord. Jusqu’à ce qu’une ligue protestante se révolte contre les catholiques qu'il veulent déloger du quartier. Les parents de Buddy, protestants, ne veulent pas participer aux exactions et sont bientôt persécutés par un meneur. Alors que les magasins sont pillées, les maisons et voitures incendiées, Buddy trace sa route, entouré d'une famille soudée dans l'adversité.
Le réalisateur John Boorman est comme Kenneth Branagh irlandais. Au tournant de la cinquantaine, il a raconté dans Hope and Glory son enfance à Londres pendant la Seconde Guerre mondiale. A la soixantaine, Branagh raconte lui aussi sa guerre, mais d’une toute autre nature, civile, à Belfast. Les deux hommes ont ressenti la même nécessité, à un âge charnière de la vie, d’imprimer sur pellicule une mémoire qui met en équation l'histoire intime et la grande histoire. Autre point commun : la vitalité des personnages et la cohésion familiale face à une situation de crise. Avec de façon constante le regard de l'enfant, qui participe à un romanesque traversé de drames et de comédie.
L’absence absente
D'abord en couleur, le film glisse rapidement vers le noir et blanc des rues d’un quartier de Belfast où pullulent les enfants. Branagh idéalise cet instant pour mieux nous plonger dans l’horreur des débordements, notamment lors de l'agression d'un artisan. La famille qui vivait jusqu'ici en parfaite harmonie devient la cible d'un meneur de sa propre confession, démonstration de l'absurdité des guerres civiles.
Le père de Buddy, travaillant à Londres, effectue d'incessants allers-retours avec Belfast. Cette absence au cœur du drame enfantin est pourtant absente du film, le père étant de chaque scène. Cette lacune pourrait être la faiblesse du film. Branagh relate ses seuls souvenirs heureux vécus entre un fils et son père en ces temps de "guerre". Mais aussi avec sa mère qu'interprète Caitríona Balfe, la révélation du film, parfaite en femme des années 60-70. Le réalisateur est hypnotisé par la comédienne et nous aussi. Bonheur également de retrouver Juddie Dench, nommée aux Oscars pour ce très beau film.
La fiche
Genre : Drame
Réalisateur : Kenneth Branagh
Acteurs : Caitriona Balfe, Jamie Dornan, Jude Hill, Juddie Dench, Ciarán Hinds
Durée : 1h39
Pays : Grande-Bretagne
Sortie : 2 mars 2022
Distributeur : Universal Pictures International
Synopsis : Été 1969 : Buddy, 9 ans, sait parfaitement qui il est et à quel monde il appartient, celui de la classe ouvrière des quartiers nord de Belfast où il vit heureux, choyé et en sécurité.
Mais vers la fin des années 60, alors que le premier homme pose le pied sur la Lune et que la chaleur du mois d’août se fait encore sentir, les rêves d’enfant de Buddy virent au cauchemar. La grogne sociale latente se transforme soudain en violence dans les rues du quartier. Buddy découvre le chaos et l’hystérie, un nouveau paysage urbain fait de barrières et de contrôles, et peuplé de bons et de méchants.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.