"Notre-Dame brûle" en ouverture du Festival du film français d'Hollywood : "mon cœur reste à Los Angeles", confie Jean-Jacques Annaud
Le film "Notre-Dame brûle", de Jean-Jacques Annaud, sera projeté en ouverture du Festival américain du film français, qui se tient du 10 au 16 octobre à Los Angeles.
Entre lui et Los Angeles, c'est une véritable histoire d'amour : le réalisateur Jean-Jacques Annaud est revenu mardi avec l'AFP sur son tropisme américain, avant la première aux États-Unis de son film Notre-Dame brûle, en ouverture du festival du film français d'Hollywood le mois prochain. A 78 ans, le réalisateur reste le Français avec le plus d'affinités pour le goût hollywoodien du spectaculaire.
"Je n'aurais jamais fait les films que j'ai tournés sans l'amitié et le soutien complet des grands studios américains", a confié le cinéaste, auteur de superproductions comme Sept ans au Tibet, Stalingrad ou Le Nom de la Rose.
Si Notre-Dame brûle, qui retrace l'incendie ayant manqué de détruire entièrement la cathédrale parisienne en 2019, est une production française, le long-métrage oscille entre thriller haletant et film catastrophe. Un style à même de plaire au public du Festival américain du film français (TAFFF, anciennement Colcoa), qui le découvrira bien après sa sortie en France en mars.
"Un drame incroyable, digne d'un scénariste d'Hollywood"
Des premières fumées jusqu'à l'extinction complète du feu quinze heures plus tard, au prix d'un combat acharné des sapeurs-pompiers, la menace des flammes sur le joyau gothique de la ville lumière constituait "un drame incroyable, digne d'un scénariste d'Hollywood", a estimé Jean-Jacques Annaud.
"Je suis proche de Notre-Dame en ce moment, et loin de Los Angeles", a poursuivi ce chantre du cinéma épique, joint par téléphone depuis Paris. "Mais une partie de mon coeur reste à Los Angeles."
Sean Connery, Brad Pitt, Jude Law... Quelques-uns des plus grands acteurs d'Hollywood sont passés devant la caméra de Jean-Jacques Annaud. Aux États-Unis, le réalisateur a toujours eu les moyens de ses ambitions.
"En Amérique, j'ai constaté qu'on investit pour tenter de sortir le meilleur film possible, le plus spectaculaire, le plus attirant. Tandis qu'en France, la règle c'est d'essayer de produire moins cher, pour tricher en quelque sorte. Moins cher, c'est plus facile à faire."
Jean-Jacques Annaudréalisateur
Malgré ses racines françaises, le cinéaste n'a été que peu inspiré par la Nouvelle Vague, mouvement né dans l'Hexagone à la fin des années 50 et qui a durablement marqué l'histoire du septième art. L'accent sur les dialogues, instillé par les films de l'époque, reste pour lui secondaire. Le réalisateur apprécie la manière américaine de filmer, centrée sur le mouvement et les prouesses visuelles.
"Le cinéma, c'est l'art de raconter des histoires palpitantes visuellement. Sinon c'est autre chose, c'est de la radio télévisée", a ajouté Jean-Jacques Annaud. "Si nous avons le privilège d'être sur grand écran, c'est pour le remplir, pas pour y mettre des gens qui parlent comme dans des émissions de télé."
"En France, les films onéreux sont vus comme injustes", a poursuivi le réalisateur. "On critique les films tournés en studio, on critique le fait de construire des sets, on critique les effets spéciaux." Malgré cela, le cinéma français "produit heureusement chaque année quelques joyaux" dans sa propre veine, a-t-il concédé.
"La peur de l'effondrement de la culture occidentale"
Pour Notre-Dame brûle, Jean-Jacques Annaud a notamment tourné dans les cathédrales de Sens et de Bourges, en plus d'impressionnantes scènes de feu reconstituées en studio.
Le réalisateur mélange également les scènes jouées par des acteurs avec des éléments du réel. Entre fiction et images documentaires, le spectateur revit l'embrasement du toit de la cathédrale du XIIe siècle et la chute de sa flèche, sous le regard horrifié de millions de personnes.
"Partout dans le monde, cette cathédrale était bien plus qu'un symbole de Paris ou de la France, ou même du catholicisme ou de la chrétienté", a jugé l'artiste. "C'était une sorte de métaphore, sur la peur de l'effondrement de la culture occidentale."
Le cinéma français à l'honneur à Los Angeles
Le Festival américain du film français se tient du 10 au 16 octobre à Los Angeles. Pour cette 26e édition, la programmation inclut notamment le film Hawa de Maimouna Doucouré, dont le premier long-métrage Mignonnes, diffusé par Netflix, avait créé la polémique avec ses protagonistes adolescentes hypersexualisées.
Le public y découvrira également deux autres longs-métrages, Les Pires et A Plein Temps, proposés par la France pour être nominés aux prochains Oscars.
Le festival se clôturera avec le film La Nuit du 12 de Dominik Moll, et la projection de la mini-série Irma Vep d'Olivier Assayas, produite par HBO.
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