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Montreuil : le cinéma Le Méliès soutenu par les réalisateurs
Une vingtaine de réalisateurs de renom, dont Agnès Jaoui et Laurent Cantet, ont apporté leur soutien jeudi à un cinéma d'art et d'essai de Montreuil (Seine-Saint-Denis), touché par un mouvement de grève depuis la mi-janvier sur fond de conflit avec la maire Dominique Voynet (EELV).
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"Détournement de fonds"
Dans une tribune publiée dans Libération, intitulée "Voynet-Méliès: la guerre est déclarée", ces réalisateurs affirment "leur engagement au côté de l'équipe" du cinéma Le Méliès contre "l'aveuglement de la mairie de Montreuil", après la mise à pied de trois salariés du cinéma, accusés de détournement de fonds.
Un différend remontant à 2006 a d’autre part opposé Le Méliès aux distributeurs UGC et MK2. L’équipe du cinéma avait alors décidé d’étendre le complexe, composé de trois salles, à six, en déménageant.Dans une tribune publiée dans Libération, intitulée "Voynet-Méliès: la guerre est déclarée", ces réalisateurs affirment "leur engagement au côté de l'équipe" du cinéma Le Méliès contre "l'aveuglement de la mairie de Montreuil", après la mise à pied de trois salariés du cinéma, accusés de détournement de fonds.
"Aveuglée par des luttes de territoire politiciennes, Dominique Voynet ne semble pas voir l'essentiel", dénoncent les signataires de cette tribune, parmi lesquels Mathieu Amalric, Arnaud Desplechin, Valérie Donzelli, Bruno Podalydès et Robert Guediguian.
"En déclarant la guerre au Méliès, elle affaiblit l'une des salles d'art et d'essai les plus exemplaires de France. Et (...) ce faisant, elle rend plus difficile le combat de tous ceux qui se battent pour une meilleure exposition de nos films", ajoutent-ils.
Dominique Voynet a porté plainte contre X début décembre pour "détournement de fonds publics", assurant avoir été informée de l'existence d'une "caisse noire" au sein du cinéma, alimentée par un système de double billetterie lors de séances spéciales. Une enquête a été ouverte après ce dépôt de plainte, confiée à la police judiciaire de Seine-Saint-Denis, et trois salariés ont été suspendus de leurs fonctions par la mairie, dont le directeur artistique du cinéma, Stéphane Goudet, en conflit depuis plusieurs mois avec la maire.
"C'est illégal, c'est anormal. Les agents reconnaissent que c'est anormal et qu'ils ont soigneusement évité d'en parlé à leur hiérarchie", a assuré à l'AFP Dominique Voynet, qui évoque un préjudice de 143.000 euros en dix ans.
Une version contestée par les personnes mises en cause, qui assurent que l'argent des séances spéciales était reversé dans la caisse commerciale ou donné à des associations. Un "usage courant" pour ce type de salles, selon les cinéastes signataires de la tribune de Libération.
Pour protester contre la mise à pied de leurs collègues, une partie des salariés du cinéma se sont mis en grève mi-janvier. Le cinéma est depuis fermé au public, seules les séances destinées aux scolaires étant maintenues.
Un conflit de longue date
Cinéma subventionné par la municipalité de Montreuil, celle-ci donne son aval, le but étant de renforcer la programmation pour permettre d’exposer plus longtemps les films, dynamiser le travail pédagogique avec les scolaires, ainsi que celui sur les films de patrimoine.
Le projet est de plus en phase avec l’image de la ville, marquée par l’émergence des premiers studios de cinéma du monde, dans les années 1900, par Georges Méliès.
Prenant connaissance du projet, les distributeurs UGC et MK2, très présents à Paris et en Ile-de-France s’élèvent contre lui. Leur argumentaire repose sur un « abus de position dominante » et une « concurrence déloyale ». Le Méliès gagne toutefois la partie, soutenu par les spectateurs et la mobilisation de nombreux cinéastes.
Quand en 2008, Dominique Voynet gagne les municipales, rien ne va plus. Elle annule le travail précédent, dénonçant un projet « trop cher », « élitiste », « bobo » dans la presse. Après réflexion, les nouveaux élus font marche arrière et avalisent. Mais rien n’est gagné. Nouveau revirement il ya environ un an : la municipalité veut s’approprier le projet, sans ceux qui l’ont initié. Enquêtes et procédures s’ensuivent, dont la dernière en date : la mise à pied de trois salariés du cinéma, accusés de détournement de fonds
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