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"Moi, moche et méchant 2" gros succès pour l'animation made in France

Le succès mondial de "Moi, moche et méchant 2", annoncé comme le film le plus rentable de tous les temps pour Universal, démontre une nouvelle fois la force des Français sur le marché mondial de l'animation.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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"Moi, moche et méchant 2", de Chris Renaud, Pierre Coffin
 (Universal Pictures International)
D'autres studios et réalisateurs américains font appel au savoir-faire français, comme pour "Les Schtroumpfs 2", dont une partie a été réalisée par Plug effects, sans parler des sociétés Cube creative ou Buf.
Fabriqué non pas à Hollywood mais dans le XVe arrondissement de Paris, "Moi, moche et méchant 2", sorti fin juin, a depuis engrangé près de 700 millions de dollars de recettes mondiales alors qu'il en a coûté 76 millions au studio américain Universal. Une réalisation du groupe français Illumination-Mac Guff, qui a également réalisé le premier opus de l'histoire de Gru et de ses "minions", ou encore "Le Lorax".
Les dirigeants d'Universal ont annoncé cette semaine que "Moi, moche et méchant 2", serait "le film le plus rentable de l'histoire centenaire d'Universal", se félicite Janet Healy, productrice du film.
Cet exemple "illustre parfaitement la capacité des studios franciliens à fabriquer pour le marché mondial des contenus originaux et innovants", selon le président de la commission des films d'Ile-de-France, Olivier-René Veillon.
Le succès de l'animation "made in France" trouve ses origines dans les années 1980. M. Veillon comme Jacques Bled, fondateur de Mac Guff, parlent du facteur 
déterminant qu'a été le "plan image" initié en 1982 par le ministre de la Culture de l'époque, Jack Lang. Ce plan visait à soutenir financièrement l'animation via des aides publiques du Centre national du cinéma.
L'apparition dans la foulée des premiers logiciels de création 3D a tracé la route pour toute une nouvelle génération de professionnels de l'animation. Les nombreuses commandes des grandes chaînes hertziennes (TF1, France 2, France 3, M6) ont ensuite "permis à un milieu de se constituer autour de sociétés qui en ont bénéficié", analyse M. Veillon. Ce d'autant que les séries ont rapidement eu du succès à l'international, permettant progressivement de passer au format long métrage. 

Des origines culturelles et historiques

Marc du Pontavice, fondateur de Xylam, société parisienne productrice de la série télé et du film "Oggy et les cafards", explique aussi la force de Paris par "un substrat culturel très ancien qui a rapport avec le goût en France pour la peinture, puis l'illustration et la bande dessinée".
Il ne faut pas oublier non plus "des écoles que le monde entier nous envie", poursuit-il, et qui forment quelque 500 nouveaux talents de haut niveau. A la fin de chaque année scolaire, des représentants des grands studios américains y font d'ailleurs leur marché.
Janet Healy a elle quitté Hollywood pour Paris il y a cinq ans environ, depuis qu'Illumination Entertainment (filiale d'Universal) a posé ses valises dans la capitale et fini par racheter il y a deux ans la branche animation de Mac Guff, un des principaux studios de création d'effets visuels numériques en Europe.
La société américaine, qui avait eu l'idée du scénario de "Moi, moche et méchant", a voyagé dans le monde entier pour trouver le studio idéal pour le mettre en images. C'est en voyant un film d'animation fabriqué par Mac Guff en 2007, "Chasseurs de dragons", que le patron d'Illumination Entertainement, Christopher Meledandri, a choisi ce studio.
Janet Healy raconte qu'ils ont été "convaincus par la capacité de Mac Guff à travailler vite et bien mais aussi par l'arrivée en France d'un crédit d'impôt international en 2009", une aide fiscale pour les sociétés étrangères tournant en France, rendant le pays plus compétitif.
"Vous ne pouvez pas faire qu'un choix artistique. Il faut qu'il soit aussi économiquement viable", souligne-t-elle. Illumination Mac Guff va encore grandir en novembre pour passer d'environ 400 à 600 salariés. Fort de son succès, Universal veut aller plus vite et produire à l'avenir deux films d'animation tous les trois ans.

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