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Les Tontons Flingueurs s'invitent à un rond-point de Montauban
Les Tontons Flingueurs bougent encore. Lino Ventura et ses quatre comparses de la comédie culte de Lautner rejouent depuis jeudi la fameuse scène de la cuisine sur un rond-point de la ville de Montauban.
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"On ne devrait jamais quitter Montauban"
Fernand Naudin (joué par Lino Ventura dans le film 1963), Raoul Volfoni (Bernard Blier), son frère Paul (Jean Lefebvre), Maître Folace (Francis Blanche) et le majordome (Robert Dalban) rejouent depuis jeudi la scène mythique sur un giratoire du centre rebaptisé en leur honneur et en celui du réalisateur Georges Lautner, disparu il y a trois mois. Les effigies grandeur nature en synthétique sont signées du sculpteur Stéphane Saint-Emett.
Montauban, où Fernand s'était rangé des voitures et du banditisme pour se reconvertir dans le négoce de machines agricoles avant d'être inopinément appelé à Paris au chevet d'un ami gangster à l'agonie (le "Mexicain" justement), représente dans le film davantage la nostalgie lointaine d'une vie sans histoires qu'une ville idéale.
Mais les Montalbanais n'ont pas oublié. "Les Parisiens ignorent que Montauban, c'est Ingres ou Bourdelle. Montauban, c'est les Tontons flingueurs", dit Philippe Troncy. Il tient un magasin qui vend des répliques d'antiquités du Louvre ou d'ailleurs, mais aussi des figurines des Tontons flingueurs qui se vendent bien et qui ont servi de modèles aux cinq pochards en plexiglass. Ceux-ci descendent le mystérieux et dévastateur "brutal", le "vitriol", la "boisson d'hommes" dans la scène de la cuisine.
"On ne devrait jamais quitter Montauban" est entré dans le langage courant des Montalbanais, dit la maire UMP Brigitte Barèges qui a brièvement hésité entre Nelson Mandela et les Tontons flingueurs à l'heure de renommer le rond-point, mais qui envisage à présent de frapper les panneaux de sortie de ville de l'impérissable propos.
Montauban apparaît dans une autre réplique mémorable de Blier, qui, préparant un engin explosif destiné à Ventura, lance: "Alors? Il dort le gros con ? Eh ben y dormira encore mieux quand il aura pris ça dans la gueule! Il entendra chanter les anges, le gugusse de Montauban".
Tout le monde ne saisissait pas la référence cinématographique quand l'établissement a ouvert il y a huit ans, se rappelle le patron Philippe Wion. Mais aujourd'hui des clients l'assaisonnent de répliques en entrant chez lui et quand, en novembre, il a participé à l'organisation d'un concert et d'une projection pour les cinquante ans du film, "on a fait salle comble, il y avait 300 personnes, dedans il y avait plein de jeunes qui avaient jamais vu le film et qui se le sont approprié parce qu'ils ont trouvé ça rigolo".
Les Montalbanais ont tellement fait leurs les Tontons flingueurs qu'ils les ont enrôlés aux municipales. Roland Garrigues, l'adversaire socialiste de la maire sortante, a invité tout le monde à venir boire un verre de "brutal" dans son local de campagne, opportunément situé en face du rond-point. La maire, qui avait senti le coup venir, a répliqué, sans nommer son rival mais en citant Audiard: "Les cons ça ose tout. C'est même à ça qu'on les reconnaît".
Fernand Naudin (joué par Lino Ventura dans le film 1963), Raoul Volfoni (Bernard Blier), son frère Paul (Jean Lefebvre), Maître Folace (Francis Blanche) et le majordome (Robert Dalban) rejouent depuis jeudi la scène mythique sur un giratoire du centre rebaptisé en leur honneur et en celui du réalisateur Georges Lautner, disparu il y a trois mois. Les effigies grandeur nature en synthétique sont signées du sculpteur Stéphane Saint-Emett.
"On ne devrait jamais quitter Montauban", lançait Fernand dans le film pour dire son exaspération devant la conduite de la fille du "Mexicain".
Montauban, où Fernand s'était rangé des voitures et du banditisme pour se reconvertir dans le négoce de machines agricoles avant d'être inopinément appelé à Paris au chevet d'un ami gangster à l'agonie (le "Mexicain" justement), représente dans le film davantage la nostalgie lointaine d'une vie sans histoires qu'une ville idéale.
Les Tontons font déjà recette à Montauban
Tout le monde s'accorde pour reconnaître que la présence de Montauban est anecdotique dans le film. Personne ne sait vraiment ici si le moindre bout du film a été tourné à Montauban ou même si Ventura, Blier ou un autre y a mis les pieds un jour. Lautner aurait retenu le chef-lieu du Tarn-et-Garonne parce qu'il cherchait un nom en trois syllabes qui fasse France profonde.
Tout le monde s'accorde pour reconnaître que la présence de Montauban est anecdotique dans le film. Personne ne sait vraiment ici si le moindre bout du film a été tourné à Montauban ou même si Ventura, Blier ou un autre y a mis les pieds un jour. Lautner aurait retenu le chef-lieu du Tarn-et-Garonne parce qu'il cherchait un nom en trois syllabes qui fasse France profonde.
Mais les Montalbanais n'ont pas oublié. "Les Parisiens ignorent que Montauban, c'est Ingres ou Bourdelle. Montauban, c'est les Tontons flingueurs", dit Philippe Troncy. Il tient un magasin qui vend des répliques d'antiquités du Louvre ou d'ailleurs, mais aussi des figurines des Tontons flingueurs qui se vendent bien et qui ont servi de modèles aux cinq pochards en plexiglass. Ceux-ci descendent le mystérieux et dévastateur "brutal", le "vitriol", la "boisson d'hommes" dans la scène de la cuisine.
"On ne devrait jamais quitter Montauban" est entré dans le langage courant des Montalbanais, dit la maire UMP Brigitte Barèges qui a brièvement hésité entre Nelson Mandela et les Tontons flingueurs à l'heure de renommer le rond-point, mais qui envisage à présent de frapper les panneaux de sortie de ville de l'impérissable propos.
Montauban apparaît dans une autre réplique mémorable de Blier, qui, préparant un engin explosif destiné à Ventura, lance: "Alors? Il dort le gros con ? Eh ben y dormira encore mieux quand il aura pris ça dans la gueule! Il entendra chanter les anges, le gugusse de Montauban".
Boire du "brutal" chez "Lulu la Nantaise"
Pourtant, la ville elle-même n'avait encore jamais vraiment rendu hommage aux "Tontons flingueurs". Il y a bien un bar "Lulu la Nantaise", nom bien connu des fans du film puisque c'est celui d'une tenancière de bordel d'Indochine dont les personnages évoquent le souvenir ému dans la cuisine. C'est d'ailleurs un pot chez "Lulu la Nantaise" qui a suivi l'inauguration du rond-point.
Pourtant, la ville elle-même n'avait encore jamais vraiment rendu hommage aux "Tontons flingueurs". Il y a bien un bar "Lulu la Nantaise", nom bien connu des fans du film puisque c'est celui d'une tenancière de bordel d'Indochine dont les personnages évoquent le souvenir ému dans la cuisine. C'est d'ailleurs un pot chez "Lulu la Nantaise" qui a suivi l'inauguration du rond-point.
Tout le monde ne saisissait pas la référence cinématographique quand l'établissement a ouvert il y a huit ans, se rappelle le patron Philippe Wion. Mais aujourd'hui des clients l'assaisonnent de répliques en entrant chez lui et quand, en novembre, il a participé à l'organisation d'un concert et d'une projection pour les cinquante ans du film, "on a fait salle comble, il y avait 300 personnes, dedans il y avait plein de jeunes qui avaient jamais vu le film et qui se le sont approprié parce qu'ils ont trouvé ça rigolo".
Les Montalbanais ont tellement fait leurs les Tontons flingueurs qu'ils les ont enrôlés aux municipales. Roland Garrigues, l'adversaire socialiste de la maire sortante, a invité tout le monde à venir boire un verre de "brutal" dans son local de campagne, opportunément situé en face du rond-point. La maire, qui avait senti le coup venir, a répliqué, sans nommer son rival mais en citant Audiard: "Les cons ça ose tout. C'est même à ça qu'on les reconnaît".
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