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Les précieux souvenirs de Michel Piccoli

Michel Piccoli, qui fête ses 90 ans le 27 décembre, publie un petit livre de confidences, "J'ai vécu dans mes rêves" (Grasset), avec l'ancien président du Festival de Cannes, Gilles Jacob. Un témoignage inestimable pour un acteur de légende qui confie avoir "la mémoire trouée".
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Michel Piccoli au Festival de Venise le 29 août 2014
 (Claudio Onorati / Epa / MaxPPP)

Dans cet ouvrage, Michel Piccoli revient sur son enfance, ses débuts au théâtre et au cinéma, ses amitiés et ses amours. Voici une petite sélection de confidences par l'AFP.

Enfance
"Pendant toute mon enfance, resté fils unique, il y avait un fantôme avec moi", dit l'acteur, né après la mort d'un frère ainé chéri par sa mère. Il garde le souvenir de parents musiciens "sans passion", qui lui ont "toujours servi de contre-modèle".

Débuts
"Le théâtre, ce fut d'abord le désir de fuir pour aller respirer ailleurs", confie-t-il. "J'ai eu le don de savoir me poster devant toutes les portes où il fallait frapper pour trouver du travail, que ce soit pour jouer des oeuvres sublimes, des classiques ou des nouveautés, ou pour présenter des spectacles humoristiques". Il a raté sa rencontre avec Jean Vilar et la Compagnie Renaud-Barrault, "une troupe merveilleuse, mais où les sourires éternels cachaient un autoritarisme excessif et une grande suffisance".

"Le Mépris"
"À ce moment-là, au début des années 1960, je n'existais pas, j'étais un jeune acteur peu connu (...) Le Mépris m'a donné parmi les plus beaux moments que j'aie pu vivre avec mon réalisateur et mes partenaires. Tous, Fritz Lang, Bardot, l'équipe des techniciens, nous travaillions dans la joie, mais aussi avec une sévérité exceptionnelle. Il est rare qu'un film suscite à la fois autant de joie et de concentration."

Brigitte Bardot
"Je n'avais jamais rencontré Bardot avant le tournage (du Mépris) et j'ai été ébloui par son innocence et sa spontanéité. (...) Elle était devant les caméras comme dans la vie, une actrice très simple qui ne faisait pas du tout la star. Elle était très disciplinée dans son travail. Elle était à l'heure. Elle connaissait son texte (...) Ce n'était pas une diva prête à faire tous les caprices auxquels on aurait pu s'attendre (...) Même si elle s'étonnait quelquefois d'avoir accepté de tourner dans ce film, elle était fascinée par cette oeuvre remarquable et par cet épouvantable Godard qu'elle admirait."

Romy Schneider
Ils se sont rencontrés sur les "Choses de la vie" en 1969, début de sa longue collaboration avec Claude Sautet. "Elle était radieuse et magnifique. Je l'appelais +la chleuh+. Elle savait que j'aimais me moquer d'elle et elle aimait ça (...) L'ai-je aimée? Non, je n'ai jamais été amoureux de Romy, mais je l'ai bien connue. J'ai vite compris qu'elle n'arrivait pas à être heureuse, qu'elle ne savait pas ce qu'il fallait faire pour l'être."

Juliette Gréco
Rencontrée dans une soirée, elle a été sa deuxième épouse, après Eléonore Hirt. En "quelques mots pudiques", il évoque leur coup de foudre. "Je me disais : que se passe-t-il ? Étonnant ! Merveilleux !" (...) Un jour elle m'a dit : Va-t-en. Presque de cette façon. Ça a été douloureux, de mon coté en tout cas."

Gérard Depardieu
"Quel acteur sublime que Depardieu ! Quel génie ! Quel inventeur !" Ils ont partagé l'affiche de "Vincent, François, Paul et les autres". "Il n'avait pas un rond, il buvait comme un fou. D'ailleurs il est fou. C'est sans doute sa force."

Marcello Mastroianni
Pour Piccoli, qui "craint d'être prétentieux", l'acteur "modèle" c'est Mastroianni. "Il l'a dit souvent devant moi : +Être acteur ? Il n'y a pas besoin de se gargariser, il n'y a qu'à faire et puis voilà+"

Regrets
Sa santé l'empêche aujourd'hui de travailler : "On voudrait que ça ne s'arrête jamais et cela va s'arrêter (...) c'est très difficile (...) La mémoire se dégrade. Et je suis victime de cette catastrophe pour un acteur (...) Parfois je me sens très bien et je suis indigné de ne plus jouer parce que les médecins et les assurances rendent la décision de me choisir compliquée."

Disparu
"J'aurais plutôt désormais tendance à être... disparu. (...) J'aimerais ne pas mourir !"

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